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Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/301

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pas fait mention lorsqu’elle a évalué à 2 000 le nombre de ses métiers. Comme les métiers déclarés par Tarare sont tous occupés à faire des mousselines, on ne les a pas compris dans le tableau qui ne renferme que le nombre de ceux faisant dès à présent de la toile de coton ou qui sont prêts à en faire si on pouvait en espérer la vente. Dans l’évaluation des capitaux, on n’a rien compté pour les métiers de tissage, parce qu’ils n’ont pas été construits exclusivement pour le tissage du coton. Néanmoins ils représentent toujours un capital de 3 à 4 millions. » Nous avons dit déjà que le décret du 22 février 1806 établit la prohibition des toiles de coton. L’empereur donnait ainsi satisfaction aux manufacturiers et poursuivait ses desseins. Quant au droit considérable à payer sur l’entrée des cotons en laine, c’était plus purement une mesure personnelle à Napoléon, mesure néfaste, car c’est la matière première qu’il frappait, contrairement à ce principe excellent de Chaptal : « qu’il devait être libre au fabricant de s’approvisionner où il voulait de toutes les matières premières de son industrie. » Quoi qu’il en soit, les fileurs adressèrent leurs remerciements à l’empereur[1], et leur lettre est précédée d’une note ainsi conçue :

Il est entré en France, en l’an XI 18 000 000 pesant de coton
— — — XII 20 000 000
— — — XIII 22 000 000
——————
Total 60 000 000


À déduire 480 000 achetés par les Anglais à Nantes et à Bordeaux depuis l’arrêté du 18 brumaire, il resterait 59 420 000. À déduire encore 10 % de déchet, il reste net pour le tissage 53 500 000.

Emploi de ce coton. — La bonneterie a donné au coton une valeur depuis 8 fr. jusqu’à 100 fr. la livre ; le velours de coton une valeur de 7 fr. à 25 fr. ; les siamoises, déduction faite du fil de chanvre ou de lin, le coton ne servant dans cet article que pour la trame, porte la valeur du coton à 6 fr. la livre ; le nankin de Rouen à 15 fr. ; la rouennerie de 8 à 40 fr. ; le nankin de Roubaix de 7 à 12 fr. ; les basins de 10 à 30 fr. ; les piqués de 12 à 60 fr. ; les calicots et toiles à impression de 6 à 18 fr. ; les mousselines de 12 à 200 fr. On peut estimer tous les cotons qui se sont employés depuis trois ans à 12 fr. la livre, fabriqués, évaluation très modique, attendu qu’une partie de ces cotons a reçu des teintures.

Ainsi : 53 500 000 de matière à 2 fr. ont coûté 133 750 000 fr.

Et la même quantité fabriquée à 12 fr. la livre a produit 642 000 000 fr.

Bénéfice, en faveur de la France 508 250 000 fr.

  1. Archives nationales AFiv 1060. 28 février 1806.