Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/384

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de la religion, dont mes peuples ont besoin, me fera prendre un parti que commandent leur bien-être et la grandeur de ma couronne ! »

L’effet de ces colères ne devait point tarder à se faire sentir : Lemarrois et Miollis se chargèrent de faire comprendre à Pie VII qu’il ne s’agissait point, en l’occurrence, de vaines menaces.

Miollis traita le souverain pontife avec la dernière rigueur, s’emparant d’abord des journaux, des imprimeries et Des bureaux de poste de Rome afin de couper au prisonnier du Quirinal toute communication avec le dehors. Quelques mois après, dix-sept, puis quatorze cardinaux qui entretenaient des intelligences avec les Bourbons des deux races furent prestement et sous bonne escorte reconduits à la frontière. Aux timides protestations du pape, Napoléon riposta par un premier décret annexant définitivement les provinces occupées par Lemarrois en 1807, par un second qui ordonnait à tous les cardinaux, prélats, officiers employés de la cour de Rome, d’y rentrer hâtivement sous peine de la confiscation de leurs biens.

Cette fois. Pie VII prononça, au Consistoire, un discours où il dénonçait les attentats de Napoléon : en même temps, il parvint à faire répandre en Europe une bulle de protestation.

Miollis voulut punir le pape par l’expulsion de son secrétaire d’État, Pacca, mais il hésita devant la résistance énergique de Pie VII.

Et les choses en restèrent là pendant quelques mois, Napoléon ayant d’autres soucis, trop occupé par la guerre d’Espagne et les débuts de ta campagne d’Autriche.

Mais aux premiers jours de répit, après la victoire d’Eckmülh, l’empereur tourna de nouveau ses regards vers le Quirinal et lança le décret du 17 mai, par lequel il rappelait la donation de Charlemagne, son auguste prédécesseur, le mauvais usage qu’en avaient fait les papes ; il déclarait les États pontificaux annexés à l’Empire français et instituait, sous la présidence de Miollis, une consulte extraordinaire pour les administrer provisoirement. Ce décret marquait la déchéance définitive du pouvoir temporel : il fut exécuté le 10 juin suivant.

Mais le jour même, Pie VII riposta par une bulle d’excommunication qui fut affichée dans Saint-Pierre et les principales églises de Rome.

À cet anathème, on allait riposter par de nouvelles violences, et Murat, pensant obéir aux instructions de l’empereur, donna l’ordre à Miollis d’agir sans tarder. Le 6 juillet 1809, l’inspecteur général Radet pénétra par une fenêtre, avec une escouade de soldats, dans le palais papal et procéda à l’arrestation de Pie VII et du cardinal Pacca.

Le premier fut transporté successivement à Novare, à Turin, à Grenoble et à Savone, tandis que le second était enfermé dans la forteresse de Fenestrelle.

En même temps, Napoléon s’efforçait de justifier, par une circulaire