Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/387

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taient l’Empire s’effondrer sous le poids de ses victoires. Les choses traînèrent jusqu’en 1814.

« Après le retour de l’île d’Elbe, Napoléon, reprend la lutte et envoie aux préfets une circulaire demandant une enquête sur les Pères de la Foi et leurs agissements. Les préfets ne répondent même pas : ils se réservent pour l’avenir.

« Le résultat de tant d’efforts ?

« Si l’on consulte les statistiques des congrégations religieuses relevées à diverses époques de l’administration des cultes, on constate que, pendant la période de quinze ans écoulée de 1800 à 1815, la congrégation des Pères de la Foi a eu autant de maisons conventuelles et dirigé autant d’établissements que pendant la période correspondante de la Restauration, de 1815 à 1830, en ont eu les Pères jésuites. »

Cette citation, qui caractérise si clairement l’attitude de Napoléon à l’égard des congrégations, était intéressante à recueillir au moment où, parmi ceux qui lancent l’anathème à la République à propos de la loi sur les Associations, les bonapartistes les plus qualifiés se font remarquer par la virulence de leurs apostrophes.

Napoléon, au lendemain de l’enlèvement du pape, n’était encore qu’au début de sa lutte contre l’Église. Le conflit allait encore s’exaspérer à propos de l’affaire du divorce qu’il nous faut effleurer dès maintenant. Décidé à répudier Joséphine pour s’allier à la monarchie autrichienne par un mariage avec l’archiduchesse Marie-Louise, Napoléon viola, sans difficulté, les dispositions du Code civil et les articles du Statut sur l’état civil de la famille impériale. Il était moins aisé d’obtenir de l’Église l’annulation du mariage religieux, et les démêlés si récents avec Pie VII ne permettaient pas d’espérer de lui une réponse favorable. On résolut donc de se passer de la décision papale et il se trouva un comité ecclésiastique, présidé par le cardinal Fesch, pour déclarer que l’officialité de Paris était compétente et pouvait retenir l’affaire. L’officialité se montra complaisante et prononça sans hésitation l’annulation sollicitée.

Mais treize cardinaux refusèrent, comme protestation, d’assister plus tard au mariage religieux de l’empereur et de Marie-Louise : les protestataires, privés de la robe rouge, condamnés au port de la simple robe noire, furent placés sous la surveillance de la gendarmerie, internés deux par deux dans diverses villes de l’Est.

On pense si de pareilles mesures étaient faites pour pacifier les esprits et ramener l’adhésion des catholiques exaspérés par de telles violences.

Napoléon en revint, pour essayer de solutionner le conflit, à son rêve de constitution d’une Église gallicane et le Concile de Paris fut réuni le 17 mars 1811, sous la présidence du cardinal Fesch. Tous les évêques français et italiens avaient été convoqués : la moitié des premiers, le tiers seu-