Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/520

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sur l’art industriel, ne se point borner à des indications de tendances. L’évolution des arts de l’ameublement, par exemple, mériterait qu’on lui consacre une assez longue étude, en raison des prétentions qu’elle afficha de conquérir une personnalité originale et indépendante ; mais la psychologie de Napoléon renseigne, en somme, bien plus complètement sur toutes les matières dont il voulut diriger le développement et les applications qu’une étude sur la transformation même de ces industries.

MUSIQUE. — La censure rigoureuse que Napoléon prétendait exercer sur les arts n’avait pas de raison d’être en musique. On n’y pouvait craindre cette idéologie contre laquelle l’empereur ne cessait point de fulminer. La musique n’eut donc point à souffrir des pressions exercées partout ailleurs et, par une sorte de libéralisme intelligent, fut, au contraire, encouragée dans ses développements avec un zèle et un soin qui ne laissent point de surprendre.

On sait toute l’estime de Napoléon pour Lesueur et tout le bien qu’il lui voulut. Il se leurra sur les véritables mérites du musicien dont les œuvres, cependant, ne sont pas sans force et sans charme. On a, avec raison, conservé le souvenir des Bardes, opéra représenté en 1804, qui assura la renommée de Lesueur et lui valut de nombreuses distinctions officielles. Les interprètes de l’œuvre qui l’avaient, au début, fort mal servie, en ressentirent peu après la beauté et partagèrent un enthousiasme dont Napoléon avait lui-même donné le signal.

Le Vestale, de Spontini, obtint également un grand succès et rencontra, dès l’abord, les mêmes difficultés d’interprétation, surmontées enfin avec la même aisance.

Méhul, enfin, donne, après des œuvres déjà très remarquables, Joseph (1807) dont les beautés suffiraient à prolonger son souvenir. L’art classique de Méhul, son orchestration solide et précise s’allient à une émotion pénétrante et viennent soutenir une inspiration pathétique jusqu’au terme de l’œuvre. Méhul demeure, dans cette période de l’histoire de notre musique, l’un des maîtres les plus purs ; dans certains opéras il a retrouvé la grandeur, la tendresse et la simplicité qui font tout le génie des merveilleux artistes de l’Allemagne.

On connaît, de Monsigny, des œuvres légères et pleines de grâce, Cherubini eût, sous l’Empire, des succès retentissants ; par ordre de Napoléon, on représenta les principaux opéras italiens, la Flûte enchantée et Don Juan, de Mozart.

Enfin, Auber et Hérold, jeunes encore, annonçaient leurs brillantes carrières par des œuvres de début qui semblèrent incomparables aux contemporains.

Il serait injuste, enfin, de ne pas mentionner quelques noms parmi les