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interprètes qui s’efforcèrent de donner l’ampleur et la beauté désirables aux ouvrages montés sur nos scènes lyriques et dramatiques.

Dufrène, Nourrit le père, furent d’excellents chanteurs ; on se souvient aussi d’Ellevion, de Mme Dugazon.

Talma, Fleury, Dugazon, Mlle Mars, Mlle Georges donnent à cette époque un lustre inoubliable dans la création des rôles dont ils furent pourvus au Théâtre-Français.

CHAPITRE III

L’ÉTAT ÉCONOMIQUE ET SOCIAL.

Il serait aussi contraire à la vérité de nier l’essor industriel qui se produisit, dans une large mesure, sous le règne de Napoléon Ier, que d’exagérer la prospérité économique de la France en cette période de guerres incessantes et de perpétuelle inquiétude.

Si l’on s’en tenait à l’apparence des rapports officiels, à la façade de la vie économique, on resterait convaincu, selon la légende, que Napoléon, génie universel, fut non seulement un capitaine incomparable, mais un administrateur hors pair, sachant gagner des batailles en même temps qu’organiser la production, donnant du même coup à son peuple et la gloire et la fortune.

Nous verrons que cette conception trop simpliste de la période napoléonienne doit être abandonnée par qui voudra prendre la peine de pénétrer un peu profondément avec nous dans la réalité des choses, pour qui ne s’effraiera pas de l’aridité des documents que nous sommes obligés d’invoquer : en pareille matière des affirmations seraient insuffisantes à nous éviter le reproche de partialité hostile.

Que Napoléon, avec sa prodigieuse activité, sa puissance inouïe de travail et d’assimilation, ait fait effort pour hausser la prospérité économique de la France au niveau de sa fortune guerrière : nul ne le saurait contester sans injustice.

Qu’il ait réussi dans cette double entreprise, c’est une autre question qui sera résolue par nos lecteurs eux-mêmes, lorsqu’ils auront consenti à suivre l’exposé loyal que nous voulons essayer de faire du développement industriel, commercial, agricole de notre pays sous le premier Empire, qu’ils auront constaté les crises redoutables de certaines périodes, qu’ils connaîtront, par le chiffre des salaires et l’étude de la législation ouvrière, la condition des travailleurs au début du xixe siècle.

On ne saurait aborder pareille étude sans rendre tout d’abord hommage à l’influence décisive que prit sur l’orientation de notre industrie, à cette