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vos ateliers qu’on fait la meilleure guerre à l’ennemi : au moins elle ne coûte pas de sang à mon peuple ! »

À Oberkampf, notre industrie nationale devait aussi la première filature de coton à Essonnes.

On put voir d’ailleurs, à l’Exposition de 1806, combien le travail du coton s’était amélioré depuis quelques années.

En l’an X, la fabrication de la mousseline n’existait pour ainsi dire pas, tandis qu’en 1806, le seul arrondissement de Saint-Quentin possédait 8 000 métiers en activité, tant pour fabriquer des basins que pour faire des mousselines ou des percales et des calicots, deux genres de tissus ne différant du premier que par le moindre degré de finesse des fils : cet arrondissement pouvait produire 300 000 pièces par an.

Les calicots français allaient de pair avec ceux de l’Angleterre.

La production des velours de coton était également dans une situation prospère.

De tous côtés s’élevaient des fabriques de nankin, étoffe alors très en vogue.

Sur les autres industries, un rapport de M. Alfred Picard, publié en 18S9, nous donnera de précieuses indications.

FERS ET ACIERS. — Plus de 150 usines, disséminées sur le territoire, avaient envoyé des échantillons et leurs produits étaient de bonne qualité ; les aciéries se multipliaient. Cependant la métallurgie était encore rudimentaire : il n’existait notamment qu’une seule usine, celle du Creusot, où les minerais de fer fussent fondus au coke.

ARTS MÉCANIQUES APPLIQUÉS À L’INDUSTRIE. — Les Anglais nous avaient devancés en appliquant non seulement à la filature de la laine, mais à toutes les opérations intéressant la fabrique des draps, des machines de beaucoup supérieures aux nôtres. Ils nous avaient mis dans l’impossibilité de lutter avec eux sur les marchés étrangers et nous inondaient même de leurs produits, malgré les lois prohibitives édictées contre cet envahissement. Pour soutenir la lutte, Chaptal avait cru devoir attirer en France l’habile Douglas, l’un des grands constructeurs de la Grande-Bretagne. Cet industriel avait, en deux ans, fourni à nos manufactures plus de 340 machines dont plusieurs types figuraient à l’Exposition de 1806, notamment :

1° Des machines à ouvrer la laine, qu’un enfant pouvait alimenter et qui produisaient le travail de quarante personnes ;

2° Des cardes-brisoirs qui effectuaient le premier degré de cardage et cardaient de 60 à 65 kilogrammes par jour et qui pouvaient également être alimentées par un enfant ;

3° Des cardes-finissoirs qui achevaient le cardage et étaient desservies par deux enfants ;