Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/528

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Aussi exacte que possible, disons-nous, car il est assez malaisé d’arriver à une certitude en présence de renseignements aussi contradictoires que ceux qui résulteraient des deux pièces suivantes.

L’une est un rapport sur la situation de Lyon adressé à l’empereur par le ministre de l’Intérieur. Il est daté du 9 juillet 1810 :

2e DIVISION
bureau des arts
et manufactures
MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
Note pour Sa Majesté l’Empereur.
Paris, 9 juillet 1810.

« Le ministre de l’Intérieur a l’honneur de faire part à Votre Majesté des renseignements qui lui ont été transmis sur la situation florissante de la fabrique d’étoffes de soie de la ville de Lyon. Des négociants de Leipzig et de Francfort se trouvent en ce moment dans cette ville et y ont fait des commandes considérables. Il est arrivé des ouvriers d’Allemagne et d’Italie, et onze mille neuf cents métiers sont en activité. À la vérité, la récolte des soies n’a pas été abondante : elle n’est que la moitié de celle des années ordinaires ; mais il sera suppléé à cette insuffisance par les soies qui sont en magasin ; il ne faut maintenant, pour rendre complète la prospérité de la ville de Lyon, qu’augmenter le nombre des bras qui y sont employés.

« C’est ce dont le ministre de l’Intérieur va s’occuper, en soumettant à Votre Majesté, dans le projet de budget de la ville de Lyon, exercice 1810, la proposition de mettre à la disposition de l’administration municipale de cette ville une somme de 40 000 francs pour encourager les apprentissages. Si le nombre des métiers augmente encore, Lyon aura atteint le plus haut degré de prospérité auquel il doit parvenir. Car ce nombre s’est rarement élevé au-dessus de quatorze et quinze mille. »

Or, moins de quatre mois plus tard, voici la lettre qu’écrivait au même ministre de l’Intérieur, le vice-président du conseil général du commerce :

MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR


Le vice-président du Conseil général du Commerce
à S. E, le ministre de l’Intérieur.

Paris, le 3 novembre 1810.

« Monseigneur,

« J’ai l’honneur de vous adresser un extrait du procès-verbal de la séance que le conseil général du commerce a tenue hier. Permettez qu’en cette circonstance, je ne me borne pas à une simple lettre d’envoi. L’aspect effrayant