Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/542

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Le but de cette création est clairement expliqué dans le mémoire qui fut, sur ce point, présenté à l’empereur le 13 mai 1811. Voici comment l’auteur de ce mémoire justifie la création projetée :

« L’agriculture, le commerce et l’industrie auraient, dit-il, un point d’appui qui leur manque, un protecteur zélé, un défenseur impartial, un guide éclairé dont les avis seraient toujours respectés et dont l’influence pourrait leur donner une sage direction.

Un ministère de l’Agriculture, du Commerce et des Manufactures produirait encore cet heureux effet : c’est qu’il donnerait de la considération à des professions pour lesquelles on a toujours affiché une sorte de mésestime ; il y rappellerait les sentiments de probité et d’honneur qui seuls peuvent y attacher les gens de bien.

Une partie des maux que le commerce éprouve est peut-être due à la déconsidération dans laquelle il était tombé ; elle y éteint cette noble ambition de l’estime publique, cette bonne foi sans laquelle le commerce ne peut prospérer. N’ayant plus de considération à espérer, on a cherché des dédommagements dans la fortune, on a été trop impatient de l’atteindre, et on s’est livré à des exagérations qui ont tout détruit.

On se permettra d’indiquer comment on conçoit la composition du ministère qu’on propose.

La nature de ses attributions exige une organisation particulière.

L’agriculture, les manufactures, le commerce doivent composer les trois divisions essentielles de ce ministère.

Les renseignements qu’il doit recueillir et les avis qu’on peut lui demander exigent aussi qu’il réunisse une sorte de conseil administratif où les renseignements et les avis puissent être discutés.

On croit donc qu’il conviendrait que la direction des trois divisions principales fût confiée à trois personnes expérimentées et d’un dévouement éprouvé, auxquelles on donnerait le titre d’intendants, ou directeurs généraux de l’agriculture, des manufactures, du commerce.

Et de réunir auprès du ministre un conseil qui serait composé : 1° des trois intendants ou directeurs généraux ; 2° de trois cultivateurs ; 3° de trois manufacturiers ; 4° de trois négociants ; 5° de deux mécaniciens ; 6° de deux chimistes, auxquels on pourrait donner le titre de conseillers ordinaires de l’agriculture et du commerce.

Ce conseil serait présidé par le ministre.

C’est dans ce conseil que seraient discutés les renseignements dont il serait fait des tableaux annuels.

Il délibérerait aussi sur les questions qui lui seraient envoyées.

Le ministre prendrait le titre de ministre-directeur de l’Agriculture, des Manufactures et du Commerce. »