Page:Jaurès - Histoire socialiste, VI.djvu/586

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aux fabricants l’assurance que, pendant plusieurs années encore, les droits à l’importation du sucre et des autres denrées coloniales seront maintenus ; et même que le sucre de cannes sera à jamais prohibé, dès que la fabrication du sucre de betteraves sera suffisamment étendue. Cette mesure, qui ôtera aux ennemis de la France l’espoir d’exposer leurs marchandises en concurrence dans nos marchés, portera la sécurité chez nos fabricants, et excitera un zèle dont le prix ne sera pas incertain. Votre Majesté a daigné manifester l’intention de donner des récompenses directes à ceux qui se sont distingués dans cette lice honorable ; et sans doute le regard qu’elle leur promet, le bonheur d’avoir contribué à l’accomplissement de ses généreux desseins et de lui prouver leur amour et leur reconnaissance seront pour ceux qui se livreront à ce travail le plus grand véhicule et la première récompense.

« Néanmoins, pour encourager les plus timides, j’aurai l’honneur de proposer de décider qu’il sera accordé une prime sur les quantités de moscouade ou de sucre fabriqué.

« Dans un précédent rapport, j’ai soumis à Votre Majesté l’établissement de deux écoles pratiques dont l’État ferait les fonds, l’une dans le département du Nord, l’autre dans celui du Bas-Rhin. Les propriétaires et les manufacturiers adressés par les préfets y pourront suivre les procédés de la fabrication du sucre et les opérations se feront sous leurs yeux. Ils y concourront même autant que le local et l’ordre des travaux pourront le permettre.

« La réunion de ces divers moyens ne permet pas de douter que dans très peu d’années la France ne possède une source de richesse, tirée de son propre sein, et qu’il n’y reste annuellement 60 000 000 de francs au moins en numéraire qui sans cela passeraient à des peuples étrangers pour notre approvisionnement de sucre.

« Et ainsi, comme l’a dit Votre Majesté, l’administration anglaise aura perdu, par son obstination, plusieurs des objets importants de son commerce, et si à une certaine époque la découverte de l’Amérique a opéré une révolution dans quelques arts et dans quelques objets de consommation de l’ancien monde, la politique de l’Angleterre et les progrès de la chimie auront amené dans ces derniers temps une révolution contraire.

« Je suis avec le plus profond respect, Sire, de Votre Majesté impériale et royale, le très humble, très soumis et très fidèle serviteur et sujet.

Signé : « Montalivet. »

Et voici le décret qui fut ensuite signé sur la proposition du ministre de l’Intérieur :

« Napoléon, empereur des Français et roi d’Italie, protecteur de la Confédération du Rhin, médiateur de la Confédération suisse,

« Voulant encourager la fabrication du sucre de betteraves qui, dans