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DEUXIÈME PARTIE


DE WATERLOO À LA MORT DU DUC DE BERRY.


(du 8 juillet 1815 au 20 février 1820).
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CHAPITRE IV


DU RETOUR DE LOUIS XVIII A L’ÉVASION DE LA VALETTE.


Retour de Louis XVIII. — La seconde Restauration. — Seconde capitulation de Paris. — Le rôle du maréchal Davoust et de Fouché. — L’entrée des Prussiens à Paris. — Fin du gouvernement provisoire et fermeture de la Chambre. — Ministère Talleyrand. — Fouché. — Leur chute. — Ministère de Richelieu. — Traité du 20 novembre. — La Sainte-Alliance. — La Terreur blanche. — Assassinats de Brune et de Ramel. — Exécutions de Labédoyère et des frères Faucher. — Procès et mort du maréchal Ney. — Évasion de La Valette.


Pendant que Napoléon se préparait à son dernier exil, s’y acheminait à regret, se livrait à son plus constant ennemi, quittait enfin à jamais cette terre ravagée et humiliée par sa gloire, Paris et la France restaient exposés à toutes les menaces de l’étranger. D’abord avec une certaine réserve, comme s’ils redoutaient de rencontrer devant eux l’empereur, puis, le sachant à Paris, avec plus d’audace, les alliés s’avancèrent. Blücher, implacable, foulant enfin ce sol maudit d’où tant de légions avaient surgi qui avaient abaissé sa patrie, n’avait qu’un désir, prendre Paris et le livrer à la soldatesque. Wellington, plus pitoyable ou plus habile, maîtrisait à peine les élans de cette haine farouche Les deux armées s’avançaient ne rencontrant aucune résistance. Grouchy, après Waterloo, avait rallié ses troupes, puis était descendu jusqu’à Laon, et enfin jusqu’à Paris. À Paris, dans les environs, plus de 100 000 hommes se trouvaient, ardents, réclamant le combat, trouvant d’ailleurs dans leurs officiers, sauf dans les généraux en chef, un sûr écho à leur belliqueuse requête. La situation n’était plus ce qu’elle avait été en 1814. Alors, Paris était enveloppé par 200 000 hommes, destitué de tout commandement autre que celui du duc de Feltre, sans travaux de défense, sans garnison, Marmont et Mortier n’ayant sous leurs mains que 12 000 hommes. Maintenant, surtout du côté Nord, la ville se défendait ; elle s’était hérissée aussi du côté de Vincennes, possédait plus de 1 000 canons servis par 6 000 artilleurs. Elle n’avait pas que 12 000 hommes, mais 100 000. Cependant la position de la cité semblait plus précaire : c’est que le seul facteur n’est pas, en pareil cas, le facteur matériel, et qu’il ne suffit pas, pour se rendre un compte exact, d’additionner