L’homme de la résistance. — Il fallait un verrou pour fermer la porte au nez du peuple. — Le procès des 19. — Les élections : la nouvelle Chambre et son président. — Le discours du trône refait par les saint-simoniens. — Obsèques de l’ancien évêque Grégoire. — Les décorés de juillet refusent le serment au roi. — Agitation républicaine. — L’hérédité de la pairie est abolie ; les saint-simoniens demandent qu’on abolisse toute hérédité.
Au banquier Laffitte, qui s’est ruiné pour assurer à la bourgeoisie le profit exclusif d’une révolution faite par le peuple, succède le banquier Casimir Perier, résolu à ne servir que la haute bourgeoisie et à mater la boutique en même temps que le peuple. Il ne donnera pas sa fortune à cette entreprise, mais il y laissera la vie.
Ce n’est pas un parvenu, comme l’autre, qui, s’étant élevé d’échelon en échelon jusqu’à la plus haute fortune, admettait que chacun pût en faire autant, avait la notion du mouvement et du développement continu. Casimir Perier représentait une dynastie d’industriels en possession de la richesse avant la Révolution, et à qui la Révolution avait donné le pouvoir politique. Il représentait la classe pourvue, et pensait que la Révolution n’avait pas eu d’autre but que de substituer la classe des chefs industriels à la classe des chefs militaires et religieux dans le gouvernement des masses.
Tout cela d’instinct, car son esprit ne s’embarrassait pas de théories. Il n’était certainement pas plus intelligent que le ministre auquel il succédait, et à plus forte raison que les Thiers, les Guizot, les Broglie. Mais il avait la passion furieuse de l’ordre par l’autorité, une passion qui tenait sans cesse ses nerfs en mouvement. Il n’était pas parvenu au commandement, il était né de gens qui exerçaient le commandement et le lui avaient transmis. Il ne pouvait gouverner l’État autre-