Salut et gloire à Dieu !
Le Christ quittant les apôtres
Leur dit : veillez, ils ont dormi ;
Vous nous avez dit : travaillez ;
Vous voici ; l’œuvre commence.
Le peuple a faim !
Le peuple est misérable !
Nous avons pris ses douleurs sur nos têtes ;
Nous serons forts et patients.
Les femmes sont outragées,
Que leur messie vienne !
Il viendra ! il viendra !
Des ouvriers étaient venus se joindre aux membres de la famille pour travailler à la construction du temple. Et l’on chantait :
D’ouvriers sans salaire,
De travailleurs
Nous donnant le dimanche,
De journaliers
Voulant une corvée.
D’un peuple bon
Offrant à Dieu son œuvre
… Qu’en ce moment
Pour les fêtes du peuple
Nous bâtissons…
Et toujours en chantant on fit les déblais :
Allons, bourgeois et prolétaires.
Le travail nous a fait égaux.
Ensemble remuant la terre.
Montrons à tous l’homme nouveau !
Parmi les quarante qui s’étaient installés à Ménilmontant, il y avait les « apôtres » Barrault, Duveyrier, Michel Chevalier, d’Eichthal, Flachat, Fournel, Lambert et Edmond Talabot. Parmi les autres, il n’y a guère que Félicien David, dont le nom soit resté dans la mémoire du public. Aucune femme n’avait été admise dans la communauté, et d’aucuns, pour s’y agréger, avaient dû renoncer à des liens qui leur étaient chers, ce qui achevait la ressemblance avec le couvent.
La police s’émut, des visites domiciliaires répétées vinrent troubler les saint-simoniens dans leur retraite. On voulut leur interdire de donner accès au public le dimanche ; une ordonnance du juge d’instruction portait qu’il serait établi dans la maison de Ménilmontant « un gardien qui veillerait à ce qu’aucune réunion publique n’eût lieu et qui serait autorisé à requérir la force publique au cas où il y aurait réunion de plus de vingt personnes étrangères ».
Sur ces entrefaites, Edmond Talabot mourut. Tandis que la « famille » célébrait ses obsèques au Père-Lachaise, par des chœurs appropriés qui firent grande