Page:Jaurès - Histoire socialiste, VIII.djvu/416

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profita de l’attentat pour s’affirmer. Thiers, avant de partir, lui indiqua d’ailleurs la voie.

Lamennais venait de publier une brochure intitulée : le Pays et le Gouvernement. Elle fut saisie par la police. Des perquisitions furent faites chez des éditeurs et dans les bureaux des journaux. On saisit l’Almanach démocratique, qui était en circulation depuis trois semaines. On saisit l’Organisation du travail, de Louis Blanc, qui cependant avait déjà paru dans la Revue du Progrès.

Proudhon venait de publier son Mémoire sur la propriété. Le rapport de Girod (de l’Ain) sur l’attentat de Darmès lui imputa une part de responsabilité. « Comment, dit-il, s’étonner qu’il y ait des régicides, quand il se trouve des écrivains qui prennent pour thèse : La Propriété, c’est le vol ! » De même que Lamennais, Proudhon fut poursuivi.

Chaque attentat a été marqué par une débauche de réaction et d’arbitraire. Du poignard de Louvel à la bombe de Vaillant, on peut suivre à la trace, tout le long du siècle, les reculs de civilisation et de liberté provoqués par ceux qui voulurent forcer par violence meurtrière les portes de l’avenir.