son commerce, organisait les douanes chinoises, dont il faisait une véritable administration britannique. La France, elle, rendait grâces à Dieu et au général comte de Palikao d’avoir rendu aux chrétiens d’Extrême-Orient leurs biens, leurs églises, leurs cimetières. Sûrement les Lazaristes, sûrement Mgr Mouly ou Mgr Étienne ne tiendraient plus rancune à l’Empereur de sa politique italienne. Et tous les catholiques pourraient-ils demeurer insensibles à ces beaux succès de leur foi, ou encore à ceux que la Fiance donnait vers le même temps aux chrétiens de l’Annam et de la Cochinchine ?
N’était-ce point pour les catholiques encore, « pour ne pas laisser impunis le meurtre des chrétiens et le pillage des monastères » que l’Empereur envoyait solennellement ses soldats sur « cette terre lointaine » de Syrie « riche en grands souvenirs », où des ancêtres héroïques « avaient porté glorieusement la bannière du Christ » ? « Partout aujourd’hui, proclamait-il, où l’on voit passer le drapeau de la France, il y a une grande cause qui le précède et un grand peuple qui le suit. » En Syrie comme en Chine, la grande cause était la cause catholique : dans les montagnes du Liban, des Druses, musulmans, avaient massacré des Maronites, chrétiens ; et les autorités turques n’avaient rien fait pour empêcher les massacres. Le protectorat catholique appartenait à la France. Une expédition partit pour Beyrouth (1858). Le général d’Hautpoul obtint le châtiment pour quelques centaines de coupables. Mais l’expédition avait failli nous brouiller avec l’Angleterre, de plus en plus ombrageuse, de plus en plus inquiète de cet interventionnisme universel, qu’elle ne pouvait croire désintéressé. Même les traités de commerce de 1860 ne parvenaient pas à rétablir la belle cordialité des années passées. Napoléon, pour l’apaiser, devait abandonner à une commission internationale le soin de régler le sort du Liban.
Mais que diraient les libéraux ? À eux aussi, ne leur faudrait-il point des satisfactions glorieuses ? Plus que jamais l’Empereur poursuit donc son rêve d’émancipation des peuples, de libération des nationalités. Autour de lui, aux Tuileries, les archéologues, les érudits, Maury, Desjardins, Duruy, rappellent les titres historiques des nations. C’est le moment où l’Empereur compose sa Vie de César. À l’étranger, par son amie Hortense Cornu, il entretient des relations avec les savants allemands ou italiens. Il favorise leurs recherches ; et il se passionne avec eux pour les projets d’avenir que la découverte du passé suscite ou entretient. À côté de l’Italie, à côté de l’Allemagne, il y a de tous côtés, en Europe, des nationalités qui se réveillent, de petits peuples qui veulent être indépendants et grands. L’Empereur des Français va leur témoigner sa sollicitude.
Il y a d’abord les patriotes roumains, les Moldaves et les Valaques, auxquels il n’a pas pu en 1858 faire accorder l’Union qu’ils revendiquent. Mais il applaudit le premier à l’unité qu’ils réalisent en élisant pour prince, les uns et les autres, Alexandre Couza (1859) ou à la réunion des assemblées à