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Page:Jaurès - Histoire socialiste, X.djvu/299

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ramené. Jadis, il défendait les lieux-saints ; c’était un lieu plus sacré encore qu’il entreprenait désormais de défendre pour les catholiques.

Mais il le faut bien noter. Le temps était passé où, d’accord avec Cavour, il dirigeait à son gré et utilisait pour ses desseins mêmes les passions unitaires italiennes ou les idées libérales françaises. Maintenant, les grands mouvements populaires se retournaient contre lui. C’était contre la France déjà que le patriotisme italien ou le patriotisme allemand faisaient rage : et les socialistes de tous pays découvrant le mensonge du libéralisme bonapartiste, s’opposaient délibérément à ce pouvoir réactionnaire.

La bataille de Mentana avait mis aux prises des Italiens et des Français, mais déjà aussi les révolutionnaires et les hommes de l’ordre. C’était dans le Congrès international de la liberté et de la paix que Garibaldi à Genève avait jeté son cri de guerre ; et les ouvriers de l’Internationale avaient délégué à ce Congrès. Le Congrès de Genève avait convié tous les peuples à marcher sous le drapeau de la République : c’était la révolution que les troupes françaises allaient arrêter à Mentana, et les diplomates français ne manquaient pas de signaler à Victor-Emmanuel lui-même le danger qu’il faisait courir à l’ordre européen, en n’arrêtant point Garibaldi.

En France même, l’affaire italienne révélait le progrès révolutionnaire. Les ouvriers de l’Internationale et les républicains du Congrès de la paix s’étaient rencontrés à Lausanne et à Genève. Le prolétariat conscient allait entrer dans la bataille. Le 2 novembre déjà, les démocrates avaient songé, à défaut d’une insurrection impossible, à faire contre la seconde expédition de Rome une manifestation imposante. Quelques accidents matériels et des mesures policières l’avaient fait échouer en partie. Alfred Naquet et Accolas avaient été poursuivis. Quelques semaines plus tard, l’Association internationale qui avait participé à la tentative avortée de manifestation était poursuivie pour la première fois. L’opposition franchissait les limites du Corps législatif ; la lutte entre le gouvernement ébranlé et la révolution grandissante allait commencer.



CHAPITRE VI


EN BATAILLE CONTRE L’EMPIRE


Les hommes modérés de l’Internationale prêts à manifester dans la rue ! Les tacticiens habiles et cauteleux, si soucieux, naguère, d’éviter tout ce qui pouvait ressembler à une démonstration politique, entraînés à leur tour dans la lutte ouverte contre le régime impérial ! On pouvait mesurer à ce seul fait toute l’évolution qui s’était accomplie depuis 1864.

Au point où en était l’Empire, le lendemain de Sadowa, en présence des passions nationalistes prêtes à se déchaîner cette fois contre lui, il n’avait plus qu’une ressource : la liberté intérieure. C’était, nous l’avons vu, ce que