réclamaient les Parlementaires de la gauche ou même du Tiers-parti. C’était ce que voulaient réaliser, mais dans un tout autre esprit, les socialistes du Courrier Français. Vermorel l’écrivait avec une grande force dès le 9 septembre 1866, alors qu’autour de lui tant de gens déjà parlaient de « la revanche de la France » : « On ne peut répudier les errements de la vieille politique qu’à la condition d’entrer franchement dans la voie de la politique nouvelle… Il y a longtemps qu’on l’a dit : le pouvoir est placé entre ces deux alternatives : la gloire extérieure ou la liberté intérieure… La France a une revanche à prendre en Europe. Qu’elle mette son honneur à la prendre sur le terrain de la liberté large et des applications sociales. Elle peut laisser sans regret à la Prusse la gloire des batailles, des annexions, des conquêtes et des fusils à aiguille ».
Cette politique si noble et si habile, que les hommes d’État les plus éclairés de la troisième République n’ont pu que difficilement faire accepter à la France après la guerre franco-allemande, le gouvernement impérial, moins que tout autre, pouvait la comprendre. Mais à défaut de ces hautes considérations, le simple souci dynastique pouvait le faire réfléchir. Et, en fait, il réfléchit, il s’inquiéta : mais il était désormais incapable, — si du moins il ne le fut pas toujours, — de changer hardiment et brusquement de système. Il lassa l’opinion, il lassa même des parlementaires, par ses hésitations entre le système autoritaire et le système libéral, par ses flatteries alternées à Rouher et Ollivier, par ses concessions incomplètes et souvent même illusoires, toujours trop tardives en tout cas pour exercer sur l’opinion la plus petite influence.
Nous passerons rapidement sur toute la vie parlementaire de 1864 à 1868. Son importance, à tout prendre, est médiocre dans l’histoire française.
Après l’amendement des quarante-cinq, l’Empereur, poussé par Rouher, avait semblé un moment devoir s’opposer à toute velléité de libéralisme. Pour couper court aux efforts de la gauche en vue d’arracher une revision constitutionnelle, il avait fait décider par un Sénatus consulte (14 juillet 1866) que désormais la discussion de tout changement à la constitution serait exclusivement réservée au Sénat : ni le Corps législatif, ni la presse, ne pouvaient toucher aux questions constitutionnelles. Le vieux système apparaissait intangible.
Or, six mois plus tard, brusquement, le 19 janvier 1867, et sans qu’aucun fait nouveau se fût produit, sinon le mécontentement croissant, l’audace croissante des républicains, le souverain penchait aux réformes, et Émile Ollivier croyait l’emporter. Par un décret émané de l’Empereur, le droit d’interpellation était rendu aux députés ; l’adresse était supprimée comme inutile ; un ministre pourrait être spécialement chargé par le souverain de le représenter au Luxembourg ou au Palais-Bourbon. Enfin la lettre au ministre d’État qui accompagnait le décret annonçait le dépôt de deux projets de loi : l’un