eût satisfaits les uns et les autres, et la concentration libérale, républicaine, orléaniste, légitimiste même de 1863, restait plus ou moins à la base de leur politique d’opposition. Ceux des hommes de 48, comme Garnier-Pagès et Carnot, qui avaient pris part à la lutte électorale et dont Clamageran saluait si joyeusement l’entrée au Corps législatif en mars 1864, ne pouvaient guère aller plus loin que les autres dans l’opposition. Leur républicanisme n’effrayait nullement l’auteur de la France Nouvelle, l’orléaniste Prévost-Paradol ; et leur sympathie pour les sociétés coopératives pouvait être partagée par M. Casimir-Périer. Ensemble, enfin, orléanistes et républicains menaient la bataille pour l’autonomie communale et ils confondaient leurs signatures au bas du programme décentralisateur rédigé en 1865 et appelé programme de Nancy.
Cette confusion même, contre laquelle des républicains s’étaient élevés dès la période électorale, ne pouvait tarder à être l’objet de vives attaques. On ne demandait pas à Thiers une opposition plus vive. On l’avait attendue des républicains. Or, il n’avait point surgi de « nouveaux Manuels ».
L ne étude détaillée, plus fouillée encore et mieux ordonnée que celle esquissée par M. Tchernoff dans son livre si utile sur le Parti républicain, prouvera que c’est de 1863 à 1867 surtout, qu’une opposition populaire a commencé de se manifester contre l’opposition parlementaire, et que les groupes républicains ont précisé leurs tendances opposées.
Parmi les électeurs républicains de 1863, il y avait évidemment des nuances ; il y avait, nous l’avons montré, des hommes d’âges et de tempéraments différents. Mais Gambetta soutenait le bloc intangible des Cinq : les démocrates de la Butte-des-Moulins votaient pour Thiers ; et même l’opposition que la plupart des républicains faisaient à la candidature ouvrière n’était point dès l’abord inspirée par une divergence de principes politiques entre les candidats ouvriers et eux-mêmes. Question d’opportunité, appréciation des circonstances, là était tout le différend. Les candidats ouvriers reprochaient bien, quelques mois plus tard, aux députés démocrates leur ignorance de la vie ouvrière. Mais, nous l’avons montré (p. 234) ; dans le courant de 1864, les républicains ou opposants de toutes nuances ne le cédaient pas aux bonapartistes en manifestations de sympathie pour la classe ouvrière, pour le mouvement ouvrier et plus particulièrement pour la coopération. Une publication du genre de l’Association, fondée en novembre 1864, semblait attester que les questions sociales ne devaient pas créer de division entre la bourgeoisie républicaine et le prolétariat. On n’avait point l’impression que les ouvriers et les bourgeois, les socialistes et les républicains, dussent bientôt s’opposer. On ne pouvait surtout soupçonner que les socialistes deviendraient un jour révolutionnaires et accuseraient de compromissions avec l’Empire les républicains bourgeois. Bien au contraire, le seul soupçon qui s’élevait contre ceux qui dirigeaient la classe ouvrière et se réclamaient