heure prochaine sans doute, où les promesses de l’Empire paraîtraient illusoires et mensongères : c’était vers elle, tout naturellement, vers l’association qui se proposait de donner aux travailleurs confiance en leur propre effort, que les militants déçus se retourneraient.
Tout cela se passait de juillet à septembre 1867. Il fallait plusieurs mois encore pour que la semence, ainsi jetée, pût lever. En septembre 1867, lorsque les délégués de la section parisienne se rendirent au Congrès de Lausanne, leur groupement n’avait point pris une bien grande extension. Le rapport de Murât constatait que la section avait 600 membres, et qu’elle devait une somme de 466 francs.
On sait l’importance théorique du Congrès de Lausanne (2-7 septembre 1867). C’est à ce Congrès que se heurtèrent pour la première fois les deux théories opposées du mutualisme et du collectivisme. Le mutualisme l’emporta.
Je passe encore forcément sur les débats du Congrès. On en trouvera un vivant tableau dans le livre de James Guillaume (I, p. 29 et sq.), et un sérieux résumé critique dans l’ouvrage de notre regretté camarade Gustav Jaeckh (Die Internationale, p. 53).
Après avoir examiné les moyens de développer la propagande et fixé une cotisation à l’organe central de 10 centimes par an et par membre, le Congrès préconisa l’organisation nationale du crédit gratuit et recommanda la coopération de production aux sociétés d’assurances mutuelles (2e question). Il signala le danger de la formation d’un cinquième État, si les associations ouvrières créaient un quatrième État, c’est-à-dire une classe nouvelle de travailleurs privilégiés ; et il invita les associations à supprimer tout prélèvement du capital sur le travail (3e question). Ce fut, notons-le, à l’occasion de cette question que César de Paepe soutint l’idée de l’entrée du sol à la propriété collective de la société et l’abolition de l’héritage à certains degrés. Allemands et Belges se déclarèrent partisans absolus de la possession collective, tant de la terre que des instruments de travail ; Français et Italiens défendirent la propriété individuelle. Le problème fut renvoyé au prochain Congrès. Sur les relations du capital et du travail (4e question), sur les grèves et le chômage, le Congrès de Lausanne renouvela les déclarations de Genève (Cf. p. 300). Et c’est encore une fois dans le sens proudhonien qu’il résolut le problème de l’enseignement et du travail des femmes (5e question). Enfin, après avoir, toujours selon les mêmes conceptions proudhoniennes défini les limites du pouvoir de l’État, il aborda les deux questions qui allaient précisément décider du sort de l’Internationale en France.
La septième question de l’ordre du jour était ainsi formulée : « La privation des libertés politiques n’est-elle pas un obstacle à l’émancipation sociale des travailleurs, et l’une des principales causes des perturbations sociales ? Quels sont les moyens de hâter ce rétablissement des libertés politiques ? »