Dupont écrivait de Londres à Murat, qui demeurait le correspondant parisien de l’Association : « Je savais déjà par les journaux que c’était l’Internationale qui menait les meetings… Vous avez raison de ne pas abandonner le terrain, votre position de condamnés vous donne un grand poids près des travailleurs, profitez de ces avantages pour la propagande de nos idées… ».
Ainsi, c’est par la propagande des réunions publiques que les Internationaux à cette époque tentent d’agir. Pour une telle propagande, point n’est besoin de bureau, ni de commission : il suffit d’un groupe d’amis actifs et persévérants. Dupont demande bien, de Londres, si on ne pourrait pas « trouver un biais pour reconstituer un bureau » et souhaite évidemment une organisation plus régulière en France (3e Procès, p. 11). Mais les Français ne semblent point s’en soucier : l’essentiel pour eux alors c’est « la révolution dans les idées ». Et les réunions publiques leur suffiront semble-t-il, pour la réaliser.
En fait, toute cette propagande semble rapidement porter des fruits. Par leurs vues précises, par leur préoccupation constante des événements quotidiens de la vie ouvrière, les hommes qui se réclament de l’Internationale ne tardent pas à exercer sur le peuple parisien une influence étendue. Le 16 mars 1869, Combault, l’ami de Malon, écrit au journal de la Fédération romande l’Égalité : « L’association internationale des travailleurs n’a jamais si bien fonctionné en France que depuis qu’elle a été dissoute… En effet, pendant les trois années que nous avons employées à fonder notre association et à en propager les principes, nous n’avions jamais pu réussir à grouper qu’un nombre très restreint d’adhérents ; notre action matérielle et morale était toujours restée très limitée. Aujourd’hui que nous n’avons plus d’organisation, plus d’existence régulière, il a suffi qu’un membre de l’Internationale reçût un appel de la section de Bâle pour qu’immédiatement, dans les réunions publiques, il fût fait des collectes et que toutes les corporations aient organisé des souscriptions… La dissolution du bureau de Paris peut donc être considérée comme un heureux malheur, puisqu’elle a eu pour résultat, en dispersant un groupe régulier de quelques centaines de membres, de faire adhérer en principe et en fait, irrégulièrement, c’est vrai, tout ce qui pense et agit parmi la population travailleuse, de Paris ». Dans une autre lettre datée du 30 mars, un autre correspondant parisien, probablement Varlin, écrivait : « Les huit mois de discussions de réunions publiques ont fait découvrir ce fait étrange que la majorité des ouvriers activement réformateurs est communiste. » (James Guillaume, loc. cit. 1, 142). « Les réunions publiques à Paris, disait encore Malon à la même date, ont continué leur œuvre révolutionnaire. Économistes au début, ensuite mutualistes, vaguement socialistes plus tard, elles prennent de plus en plus la teinte du communisme révolutionnaire » (Lettre à Richard, 28 mars 1869).
A vrai dire, le moment où se déployait cette active propagande n’était point des plus favorables. On approchait des élections. La propagande