triomphe. Et s’il y avait encore quelques mois auparavant, des associations secrètes, républicaines, « communistes » elles avaient été si bien surveillées et traquées que leur résistance devait être vaine.
La résistance de la province fut une surprise pour le prince et son entourage. Dans une douzaine de départements du Sud-Est et du centre, des insurrections éclatèrent. Dans une vingtaine d’autres, une agitation assez vive se produisit.
Les grandes villes ne bougèrent point. Elles étaient trop bien gardées : le gouvernement avait prévu qu’elles pouvaient bouger. Mais les campagnes ! les paysans ! les six millions de suffrages bonapartistes ! qui donc aurait pu imaginer qu’il devait se produire dans cette masse une résistance aussi ardente ?
Le Nord ne remua point. A la nouvelle du coup d’État, quelques exilés du 13 juin 49 avaient pénétré en France ; le froid accueil des populations les avait contraints de repasser la frontière. A Lille, à Cambrai, à Reims, quelques manifestations avaient été tentées, vite dispersées. Les républicains, un peu plus nombreux à Nancy, à Strasbourg, à Dijon, à Châtillon-sur-Seine, furent également arrêtés dans leur tentatives. L’Ouest ne bougea pas non plus : à peine l’ex-ministre Trouvé-Chauvel souleva-t-il pendant trois jours la petite ville de La Suze.
Les départements du Centre, eux, étaient connus pour leur zèle républicain : la politique réactionnaire des dernières années y avait amené, on se le rappelle, des soulèvements. Plusieurs d’entre eux avait été mis en état de siège. Le gouvernement n’avait pu cependant étouffer toutes les forces démocratiques. Le 4 décembre, à Orléans, il fallut l’intervention de la troupe pour arrêter les représentants Martin et Michot qui entraînaient la foule. Le 6, républicains et gendarmes se battirent à Montargis ; le 7, à Bonny-sur-Loire, 400 hommes se levèrent, et pillèrent de ses armes, la caserne de gendarmerie. Dans l’Allier, le 4, les « républicains démocrates-socialistes » du Donjon, marchèrent sur la sous-préfecture de La Palisse, s’en emparèrent un instant, mais, le 5 au soir, refoulés chez eux, furent désarmés. Le général Aynard confisqua leurs biens : depuis 1815, on avait oublié ce moyen de répression.
En Saône-et-Loire, quelques villages seulement bougèrent, mais furent vite découragés par l’inaction de Mâcon. Dans le Jura, Poligny seul s’agita ; et les réfugiés français, qui avaient passé la frontière suisse, furent arrêtés avant d’avoir pu soulever les montagnes.
Mais dans la Nièvre, où les haines des partis étaient violentes, où la population, en majorité démocrate, attendait, dans l’impatience et dans la fièvre, la grande année rénovatrice, dix huit cent cinquante-deux, l’état de siège proclamé depuis octobre n’avait fait qu’exaspérer les cœurs. A Clamecy, les Millelot, l’imprimeur et ses deux fils, haïs de la bourgeoisie conservatrice, menacés, dès le 3, d’arrestation, résolurent « d’accomplir leur