sauveur. En dépit de la campagne de M. Vitu, l’Empire comptait maintenant au Corps législatif près de 90 opposants.
Alors, il avait tenté, en excitant les faubourgs au lendemain du scrutin et en jouant de leur colère, d’effrayer les députés, de ramener au moins le tiers-parti en lui faisant redouter les excès de la liberté. Les Chambres à peine réunies (le 28 juin), cent seize députés avaient presque aussitôt signé une demande d’interpellation « sur la nécessité de donner satisfaction aux sentiments du pays, en l’associant d’une manière plus efficace à la direction de ses affaires. » — « La constitution d’un ministère responsable, était-il dit dans les considérants de cette demande, le droit pour le Corps législatif de régler ces conditions organiques de ses travaux et de ses communications avec le gouvernement seraient des mesures essentielles pour atteindre ce but. »
Uni aux 40 députés de la gauche, le Tiers-parti avait la majorité. Force avait été à l’Empereur de lui donner au moins partiellement satisfaction.
Le 12 juillet, M. Rouher était monté à la tribune et il avait lu un message qui consacrait, en ses parties principales, le programme des 116. Le Corps législatif redevenant une véritable assemblée parlementaire devait avoir le droit d’élire son bureau et de fixer son règlement intérieur ; le droit d’amendement, jusqu’alors restreint, devait être élargi et rendu plus aisé ; le droit d’interpellation devait être étendu. Enfin le budget serait désormais voté, non plus par grandes divisions, mais par chapitres.
L’Empire semblait donc faire un pas nouveau dans la voie libérale frayée par les décrets du 24 novembre 1860 ou la lettre du 19 janvier 1867.
Mais, au moment même où il paraissait disposé à quelques concessions nouvelles, susceptibles de rallier les libéraux, il s’arrangeait de manière à perdre tout le bénéfice de la réforme par des hésitations et des restrictions insupportables. Non seulement, en effet, il affirmait solennellement qu’il réservait à son profit « les prérogatives que le peuple lui-même lui avait expressément confiées et qui étaient essentielles pour la sauvegarde de l’ordre et de la société. » Non seulement, il tardait à prendre des hommes