Page:Jaurès - Histoire socialiste, XI.djvu/408

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Il est impossible d’entrer à cet égard dans le détail ; mais il suffira de citer : C’étaient bien des ouvriers et des ouvriers authentiques que Theisz, le directeur des Postes, Bastelica, le directeur des Octrois, Combault, le directeur des Contributions indirectes, Camélinat, le directeur de la Monnaie, tous quatre sortis des rangs de l’Internationale pour laquelle ils avaient bravé persécutions ou prison. Prolétaires également, sauf peut-être une exception ou deux, les directeurs ou principaux agents des services voisins, Faillet que l’on trouve à la tête des Contributions directes, Louis Debock à la tête de l’Imprimerie Nationale, Fontaine qui dirigea les Domaines, Olivier qui dirigea l’Enregistrement, Pauvert qui administra les Télégraphes, et au-dessous de ceux-ci leurs plus immédiats collaborateurs qui, sans préparation, sans surnumérariat, avaient dû, du jour au lendemain, prendre la place des Versaillais fuyards et ne s’en tirèrent pas plus gauchement que leurs devanciers.

Pareillement, dans les Commissions mêmes de la Commune, les élus d’origine purement ouvrière comme Varlin, à l’Intendance ; Fraenkel, au Travail et à l’Échange ; Jourde, aux Finances, donneront autant de preuves d’intelligente capacité, de nette et prompte compréhension des choses que leurs collègues d’origine et d’éducation bourgeoises qui, à côté d’eux, occupent les autres délégations. Nous allons les voir en passant, puisque aussi bien le moment est venu de jeter un coup d’œil sur l’œuvre des diverses délégations.

Nous ne reviendrons pas sur la délégation à la Guerre, du moins pour l’instant, y ayant insisté déjà. Les Relations extérieures, avec Paschal Grousset, ne nous retiendront pas longtemps, non plus que la Justice avec Protot.

La besogne d’un délégué à l’Extérieur, sous la Commune, ne pouvait guère être compliquée. C’est en vain, comme on le pense bien, que Grousset essaya de prendre langue avec les Cours étrangères et leurs diplomates. Ceux-ci firent la sourde oreille et tous les rapports de cette espèce se bornèrent à un échange de correspondances avec les généraux commandant les forces allemandes qui encerclaient encore à demi Paris[1]. Une autre tâche, il est vrai, se présentait à Grousset, d’intérêt plus immédiat et plus indiscutable, qui consistait à renouer les liens coupés brutalement par Versailles entre la capitale et la province, afin de tenir cette dernière exactement au courant des événements vrais qui se passaient à Paris et sous Paris, ce qui était encore le meilleur moyen de lui inspirer respect et sympathie pour la Commune. À cette seconde tâche, Paschal Grousset s’employa de son mieux, il semble bien, mais ne réussit qu’imparfaitement. Trop épaisse était l’atmosphère de défiance épaissie encore par les mensonges versaillais qui s’interposait entre Parisiens et provinciaux. Trop dérisoires aussi les moyens dont la délégation disposait.

  1. De vives critiques ont été émises au sujet de ces négociations. Ces critiques paraissent plutôt dénuées de valeur. On pourra du reste en apprécier plus sainement le bien ou le mal-fondé, quand Paschal Grousset aura publié l’ouvrage sur la Commune que malheureusement il retient dans ses cartons.