Aller au contenu

Page:Jaurès - Histoire socialiste, XI.djvu/482

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

carnage. Aux premières heures, le thème sera pareil dans toutes les feuilles, depuis celles de sacristie, de police et de coup d’État jusqu’à celles plus gourmées et doctrinaires qui font profession d’un libéralisme de bon ton et jusqu’à l’Officiel, y compris. Une pudeur ne commencera à naître, chez certaines, que lorsque le plus gros de la besogne aura été accompli et encore masqueront-elles leur timide intervention de prétextes d’hygiène et de salubrité. En attendant, lorsque l’une crie : « En joue », l’autre réplique : « Feu », et toutes ensemble réclament plus de fusillades et plus de cadavres. Mais pourquoi ne pas citer ? C’est une revue instructive que celle qui solidarise dans le crime de la provocation tous les organes des diverses fractions politiques de la classe régnante solidarisées elles-mêmes dans la perpétration du plus vaste assassinat de prolétaires qui ait été.

Le Bien Public : « Il faut faire la chasse aux Communeux… Nous n’avons pas le goût d’insulter des ennemis vaincus, mais, en vérité, de pareils misérables ne sont pas des ennemis ; ce sont des bandits qui se sont mis eux-mêmes en dehors de l’humanité. »

L’Opinion Nationale : « Le règne des scélérats est fini. On ne saura jamais par quels raffinements de cruautés et de sauvagerie ils ont clos cette orgie du crime et de la barbarie… Deux mois de vol, de pillage, d’assassinats et d’incendies. »

La Patrie : « Si Paris veut conserver le privilège d’être le rendez-vous du beau monde honnête et fashionable, il se doit à lui-même, il doit aux hôtes qu’il convie à ces fêtes une sécurité que rien ne puisse troubler… Des exemples sont indispensables. Fatale nécessité, mais nécessite. Ces hommes, qui ont tué pour tuer et pour voler, ils sont pris et on leur répondrait : clémence ! Ces femmes hideuses, qui fouillaient à coups de couteaux la poitrine d’officiers agonisants, elles sont prises et l’on dirait : clémence ! »

Le Moniteur Universel : « Pas un des malfaiteurs sous la main desquels s’est trouvé Paris pendant deux mois ne sera considéré comme un homme politique ; on les traitera comme des brigands qu’ils sont, comme les plus épouvantables monstres qui se soient vus dans l’histoire de l’humanité. Plusieurs journaux parlent de relever l’échafaud détruit par eux afin de ne pas même leur faire l’honneur de les fusiller. »

Le Gaulois, sous la signature de Sarcey : « La mort n’est point un châtiment… C’est une précaution. Voilà des milliers d’hommes en proie à un accès d’épouvantable démence. Ils volent, ils assassinent, ils brûlent. C’est de l’aliénation mentale, je le veux bien. Mais des aliénés de cette espèce et en si grand nombre, et s’entendant tous ensemble, constituent pour la société à laquelle ils appartiennent un si épouvantable danger qu’il n’y a plus d’autre pénalité possible qu’une suppression radicale. »

Le Figaro : « Nous devons traquer comme des bêtes fauves ceux qui se