Page:Jaurès - Histoire socialiste, XII.djvu/315

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ordre du jour présenté par trois députés, MM. Astier, Bos et Levraud, anciens conseillers municipaux de Paris, accepté par le Gouvernement comme pis-aller, invitait le Gouvernement à assurer l’organisation municipale de la grande cité. Le Cabinet était en grand péril, si les voix du Centre lui manquaient. La priorité pour l’ordre du jour de Vaillant et Groussier ne fut repoussée qu’à une très faible majorité et l’ordre du jour accepté par le Gouvernement ne fut adopté que par 11 voix de majorité. La moitié environ du groupe socialiste, en votant cet ordre du jour, une fois de plus, venait de sauver le Cabinet.

À l’occasion de l’exposition internationale, le bureau du Conseil municipal de Paris avait projeté de grandes fêtes, entre autres un grand banquet offert aux maires de France, mais des municipalités républicaines avaient hautainement repoussé l’invitation du bureau nationaliste et le gouvernement, après s’être opposé à ce projet, en avait pris la charge. Le 22 septembre, anniversaire de la première proclamation de la République, cette fête des municipalités républicaines eut lieu aux Tuileries.

En décembre, l’affaire Dreyfus reparut au premier plan des préoccupations parlementaires et de l’opinion publique à propos de la discussion du projet d’amnistie. Dans des lettres publiques, Émile Zola et le colonel Picquart élevèrent une énergique protestation contre l’amnistie ; à leur avis elle ne pouvait avoir d’autre résultat que d’empêcher la réalisation de l’acte de justice nécessaire, la réhabilitation complète du capitaine Dreyfus et ce dernier réclamait une enquête afin d’établir que jamais il n’avait adressé à l’empereur d’Allemagne une lettre, ce dont l’avait accusé la presse nationaliste. Il n’en fallait pas davantage pour raviver les polémiques non encore éteintes.

Durant l’année 1900, trois congrès socialistes furent tenus. Le premier, celui du Parti ouvrier français s’était réuni le 20 septembre à l’hôtel de ville d’Ivry et il s’était, en immense majorité, manifesté antiministériel, considérant comme s’étant exclus les députés qui avaient donné leur appui au Cabinet. Dans ses résolutions, il avait une fois de plus affirmé la nécessité qui s’imposait au prolétariat de ne jamais pactiser avec son ennemie politique et économique, la classe bourgeoise ; de ne se jamais laisser détourner de son but : l’expropriation de la classe possédante pour l’appropriation collective de tous les moyens de production.

Le 23 septembre, s’ouvrait, salle Wagram, le cinquième Congrès international où les socialistes d’Europe et d’Amérique avaient envoyé des délégués. Pour que la France qui avait eu la charge d’organiser les assises du socialiste international n’y fut pas une cause de trouble, les deux grandes fractions du Parti socialiste français avaient décidé de faire trêve à leurs dissensions.

C’est dans ce Congrès que, sur la proposition d’un délégué des socialistes hollandais, Van Kol, fut décidée la création d’un secrétariat international permanent, reliant les partis du monde entier, centralisant les renseignements