Page:Jaurès - L'Armée nouvelle, 1915.djvu/49

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l'effectif. Les autres sont affectés à des régiments de réserve qui seront en réalité des régiments de territoriale, et qui auront pour fonction éventuelle ou de garder des places fortes et des voies de communication, ou d'alimenter en hommes l'armée de première ligne à mesure que celle-ci subira des pertes par le feu ou par la maladie. C'est M. Messimy qui, dans ses rapports de 1906 et 1907, constate, pour ainsi dire officiellement, que les dirigeants de la France ont renoncé à utiliser, pour produire sur l'envahisseur un effet de masse, les sept dernières classes de la réserve, c'est-à-dire au moins un million d'hommes en pleine vigueur. Il écrit en 1906 :

Pour notre part, contrairement â l'opinion généralement admise jusqu'à ce jour, nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire de faire faire aux réservistes deux périodes égales dans les troupes actives de première ligne. Ces hommes sont, en effet, affectés à des formations différentes suivant leur âge : de vingt-cinq à vingtsept ans, ils feraient partie de la mobilisation des régiments actifs ; de vingt-huit à trente-trois ans, ils appartiendraient aux régiments de réserve, formations sinon identiques, du moins très analogues aux régiments territoriaux.

Il insiste en 1907 :

La conséquence logique de la réduction de la seconde période à quinze jours serait le groupement de tous les réservistes anciens qui, dans la pratique, ne font plus partie, comme ceux des cinq ou six classes les plus jeunes, des formations de première ligne, en régiments de réserve, et leur envoi, non plus aux grandes manœuvres, mais dans les camps d'instruction que nous avons organisés à grands frais, mais dont nous ne savons pas encore convenablement tirer parti.

Certes, dès maintenant, la séparation des deux parties de la réserve est complète. Il y en a une, au moins égale à l'autre, qui n'est plus que de nom réserve de l'armée active. Elle n'aura avec celle-ci aucun rapport pendant la guerre ; il convient qu'elle n'en ait même point pendant la paix, et qu'elle apparaisse bien comme n'étant qu'une forme de l'armée territoriale destinée ou à un service