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Esterhazy et celles du procès Dreyfus. Il a voulu aussi soustraire à la discussion les raisonnements par lesquels les experts ont conclu à l’idée du décalque pour innocenter Esterhazy.

À vrai dire, les raisons données par M. Belhomme à l’Écho de Paris sont extraordinairement faibles et vagues. La seule qui ait quelque précision est fausse. M. Belhomme prétend qu’il y a, dans le bordereau, des mots qui peuvent se superposer rigoureusement l’un à l’autre. Et comme cette superposition absolue n’est possible que si ces mots proviennent d’un même type, ou, comme on dit, d’une même matrice, il conclut qu’il y a eu calque, au moins pour ces mots.

Mais au procès Zola, les experts les plus autorisés, les plus considérables ont démontré publiquement et en citant des exemples précis, qu’au contraire tous les mots du bordereau offraient la variété de la vie et de l’écriture courante, qu’aucun d’eux n’était superposable. Sans être graphologue, je soumets à M. Belhomme ce scrupule. Il a dit à la cour d’assises (c’est peu, mais c’est encore trop) que le bordereau était en grande partie d’une écriture courante, en partie calqué.

Mais alors de deux choses l’une : ou bien les mots de l’écriture courante offrent les mêmes caractères que les mots calqués : et alors, comme les mots calqués sont empruntés à Esterhazy, c’est Esterhazy lui-même qui a, de son écriture courante, écrit une partie du bordereau et qui, pour le reste, s’est calqué lui-même.

C’est donc Esterhazy qui est l’auteur du bordereau.

Ou bien les mots de l’écriture courante ne sont pas de l’écriture d’Esterhazy, et M. Belhomme doit indiquer par quelles différences caractéristiques, par quels traits précis l’écriture de ces mots-là se distingue de l’écriture des mots calqués.

Or, nous mettons au défi M. Belhomme, assisté de MM. Couard et Varinard, d’indiquer les différences. Dans tous les mots du bordereau, dans tous sans excep-