Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/197

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à-dire, si je comprends bien, des lettres, des cartes, des notes d’envoi.

Et ce ne sont pas des copies, ce ne sont pas des photographies, ce sont des originaux.

Mille pièces de correspondance en six ans ! Je sais bien que M. Cavaignac nous avertit qu’il en est beaucoup d’insignifiantes ! Mais enfin cela fait trois cartes ou trois lettres par semaine qui auraient été saisies régulièrement et dans l’original pendant six ans aux deux correspondants étrangers. Vraiment c’est beaucoup !

Et on se demande comment ils ont pu assister ainsi pendant six ans à la disparition régulière des originaux de lettres reçues ou écrites par eux.

M. Cavaignac dit que bien des signes, bien des traits caractéristiques permettent d’affirmer l’authenticité de ces correspondances. C’est ici que M. Cavaignac m’effraie particulièrement. Qu’il soit possible au service des renseignements d’assurer, d’après des indices sérieux, l’authenticité générale des documents ainsi saisis, je l’accorde très volontiers ; mais que l’on puisse, dans cet énorme fatras, garantir l’authenticité de toutes les pièces, cela est inacceptable.

Il est évident que les agents subalternes d’espionnage et de police ont intérêt à apporter le plus de pièces possible ; de là à en fabriquer il n’y a pas toujours loin, et comme ils connaissent déjà les particularités de cette correspondance, puisqu’ils en ont saisi de nombreux spécimens, il leur est aisé de donner à ces faux une apparence au moins sommaire d’authenticité.


IV

Donc, quand on veut faire appel, comme M. Cavaignac à deux pièces déterminées, celles qui portent l’initiale D…, et quand on veut surtout, au moyen de ces pièces, justifier la condamnation terrible d’un homme, on ne doit