Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/198

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pas se borner à affirmer d’une façon générale l’authenticité d’ensemble des « mille pièces de correspondance » où ces deux sont comprises. Il faut affirmer que l’authenticité particulière de ces deux pièces a été soumise à un contrôle particulier.

Pour le bordereau, pour la carte-télégramme adressée à Esterhazy, en un mot pour les pièces qui chargent Esterhazy, nous savons, avec une précision suffisante, quelles sont leurs garanties d’authenticité, comment, par quelle voie, en quel état elles sont parvenues au ministère.

Dans les deux pièces secrètes qu’on invoque contre Dreyfus, nous n’avons que les affirmations trop générales de M. Cavaignac. Nous ne sommes pas sûrs que ces pièces, auxquelles on a fait jouer un rôle spécial, aient été soumises à un contrôle spécial, proportionné au parti qu’on en veut tirer. Et cela laisse dans l’esprit un certain malaise.

Ce n’est pas que je veuille contester au fond l’authenticité de ces deux pièces à l’initiale D.... Mais il y a bien quelques détails qui m’inquiètent un peu. D’abord, il en est une qui n’a été datée qu’après coup, par le service des renseignements lui-même, et cela surprend.

Dans l’autre, il y a quelques fautes d’orthographe qui, sans aller jusqu’au charabia extraordinaire de la troisième pièce, œuvre d’un faussaire imbécile, sont pourtant de nature à étonner.

À coup sûr, des attachés étrangers ont droit à une orthographe un peu incertaine ; mais le mot ci-joint comme le mot ci-inclus est un de ceux qui reviennent le plus souvent dans les lettres de toute nature, commerciales, privées ou publiques ; il est assez étrange qu’un officier, qui est en France depuis deux ans, écrive si-joint.

D’ailleurs je n’insiste pas : ce ne sont pas là des objections décisives, ni même peut-être très fortes.

Je dis cependant qu’à ce point les affirmations de M. Cavaignac, trop générales et trop vagues, laissent une impression d’insécurité : on ne sent pas qu’il ait serré