Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/207

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traites à l’examen contradictoire. Quand les juges s’en servent pour le condamner, ils ne les lui montrent pas ; ils ne l’appellent pas à les discuter. Et quatre ans plus tard, quand un ministre s’en sert à nouveau pour accabler Dreyfus, il n’appelle pas non plus à les discuter devant lui l’homme qui en conteste la valeur. Toujours la même décision d’autorité, sans examen contradictoire, sans débat et sans lumière.

IMPOSSIBILITÉS
I

Heureusement, la nature de ces pièces est telle, que même sans les explications précises offertes par le colonel Picquart et qu’on refuse, il apparaît qu’elles ne peuvent pas avec quelque vraisemblance être appliquées à Dreyfus.

Il y a l’initiale D… ? Mais les Dupont et les Durand, les Dubois et les Dupuy, fourmillent dans le monde.

De quel droit alors supposer qu’il s’agit de Dreyfus plutôt que de tout autre ?

Les bureaux de la guerre avaient si bien senti l’insuffisance de cette initiale que lorsque leur journal l’Éclair, le 15 septembre 1896, veut frapper l’opinion et arrêter l’enquête du lieutenant-colonel Picquart il publie, par le plus grossier mensonge, que la pièce portait en toutes lettres le nom de Dreyfus.

Aussi bien, si les députés avaient gardé leur sang-froid et leur lucidité d’esprit dans la séance du 7 juillet, l’un d’eux eût demandé sans doute à M. Cavaignac : ― Êtes-vous sûr, monsieur le ministre, que les services