Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/219

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agents français. Et c’est le moment qu’ils choisissent pour s’écrire l’un à l’autre sur le sujet le plus redoutable, pour machiner une tromperie concertée à l’adresse de leur gouvernement ! C’est le moment qu’ils choisissent pour écrire en toutes lettres, pour la première fois, le nom de Dreyfus !

Non, vraiment, le faux est trop visible : le procédé du faussaire est trop grossier. Il savait que les bureaux de la guerre, exaspérés des découvertes formidables du colonel Picquart, avait besoin d’un document décisif où il n’y eût pas seulement des initiales, où il y eût le nom de Dreyfus en toutes lettres ; et le faussaire a fabriqué, sans réfléchir aux impossibilités et aux absurdités que je signale, tout justement le papier dont l’État-Major avait besoin.

LES ERREURS DE M. CAVAIGNAC
I

Comment se fait-il que ces absurdités, que ces impossibilités n’aient pas apparu à M. Cavaignac ?

En acceptant, de parti pris, pour en accabler l’innocent, ces documents mensongers et ineptes, M. Cavaignac a commis un grand crime. Mais il en sera châtié : car il a joué toute sa fortune politique, tout son rêve d’ambitieux maladif sur une carte fausse, et il faudra bien qu’il perde la partie.

Il a eu l’audace de dire qu’il a pesé l’authenticité matérielle et morale de cette pièce. Comment l’aurait-il fait, puisqu’il a négligé les signes si évidents, si certains qui attestent le faux ?