Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/252

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de décembre 1896, disait : « Tout est découvert ; votre œuvre est compromise ; affaire grave. »

Le second, signé Blanche, disait : « On a des preuves que le petit bleu a été fabriqué par Georges. »

Que les deux télégrammes soient faux, personne ne le conteste. Il était vraiment trop absurde que des amis du colonel Picquart lui télégraphient, en clair, qu’il était un faussaire et qu’on en avait la preuve.

D’ailleurs, il est inutile d’insister, puisque le général de Pellieux lui-même, et dans son enquête et dans sa déposition devant la cour d’assises, a reconnu que les deux télégrammes étaient faux.

Ici encore, Rochefort et Vervoort ne veulent voir que des gentillesses. Et c’était pourtant la plus abominable manœuvre.

Ces deux télégrammes étaient destinés à faire croire que le colonel Picquart avait organisé contre Esterhazy une machination scélérate. Ils étaient destinés notamment à faire croire que le petit bleu, c’est-à-dire la lettre écrite par M. de Schwarzkoppen à Esterhazy, et qui mit le colonel Picquart en éveil, était l’œuvre de celui-ci.

Et pour le dire en passant, il faut bien que les bureaux de la guerre ne puissent rien objecter de sérieux à l’authenticité du petit bleu pour qu’ils en soient réduits à le discréditer par des manœuvres frauduleuses.

Car c’est bien des bureaux de la guerre, directement ou indirectement, que procèdent ces deux dépêches. Qu’elles aient été envoyées par Esterhazy lui-même ou par ces complices de l’État-Major il faut que les bureaux de la guerre soient intervenus.

La première dépêche, celle qui est signée Speranza, fait suite évidemment à la fausse lettre du 15 décembre, également signée Speranza. Le faussaire a voulu simuler une continuité de correspondance. Mais comment pouvait-il savoir, sinon par les bureaux de la guerre, que ceux-ci détenaient une lettre adressée au colonel