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Picquart et signée Speranza ? Et comment le faussaire qui a signé Blanche aurait-il pu parler du petit bleu, s’il n’avait pas su par les bureaux de la guerre qu’au dossier de trahison recueilli par le colonel Picquart contre Esterhazy figurait le petit bleu de M. de Schwarzkoppen ?

Non seulement donc il est incontestable et incontesté que ces deux dépêches sont des faux, mais il est certain que ces faux supposent la complicité des bureaux de la guerre ; et, au passage encore, je demande à M. Cavaignac comment il n’a pas eu de doute sur l’authenticité de la pièce inepte qui contenait le nom de Dreyfus quand il est certain que les bureaux de la guerre ont collaboré à la fabrication des pièces fausses.


III

Mais ce n’est pas tout : et des circonstances précises permettent d’affirmer, avec une probabilité voisine de la certitude, que les deux télégrammes sont l’œuvre d’Esterhazy lui-même et de son complice du Paty de Clam.

En effet, la lettre d’Esterhazy reçue en Tunisie par le colonel Picquart contenait une erreur d’adresse. Elle était adressée à Tunis, tandis que le colonel était à Sousse. De plus, elle contenait une faute d’orthographe : le nom du colonel Picquart y était écrit Piquart, sans C.

Or, la dépêche signée Speranza et que le colonel recevait le même jour, contenait la même erreur d’adresse et la même faute d’orthographe que la lettre d’Esterhazy. Elle était adressée à Tunis et elle orthographiait : Piquart. La lettre d’Esterhazy et la fausse dépêche Speranza viennent donc de la même main.

La seconde dépêche signée Blanche était au contraire adressée à la véritable adresse, c’est-à-dire à Sousse. Et elle contenait la véritable orthographe, c’est-à-dire Pic