Page:Jaurès - Les Preuves.djvu/263

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C’est avec les annotations qu’ils ont suggérées au général Zurlinden que M. Sarrien, garde des sceaux, étudie en ce moment le dossier.

Et pendant ce temps, il y a un homme que tous les ministres, M. Sarrien comme M. Zurlinden, M. Zurlinden comme M. Cavaignac, négligent de consulter, c’est le colonel Picquart.

Celui-ci, ancien chef du service des renseignements, a dit dès le premier jour devant la cour d’assises, que la pièce citée par le général de Pellieux était un faux. Il a offert à M. Cavaignac et à M. Brisson de leur en donner la preuve. Et l’évènement lui a donné raison.

Il leur a offert aussi de démontrer que le dossier ne contenait aucune pièce s’appliquant à Dreyfus. Et il y a des ministres qui ont l’audace d’étudier le dossier et de se prononcer sans écouter les explications qui leur sont offertes.

C’est une gageure contre le bon sens.

Nous demandons, tous les bons citoyens doivent demander, que les ministres, et particulièrement M. Sarrien, appellent le colonel Picquart et lui demandent ce qu’il a à dire.

Ils décideront ensuite, s’ils ont l’audace de substituer leur pensée personnelle à la justice régulière, procédant au grand jour.

Mais qu’ils aient la prétention d’étudier et de juger le dossier Dreyfus en n’écoutant que l’État-Major complice des faussaires et en écartant le témoignage de l’homme dont les évènements ont démontré la clairvoyance, voilà qui est un scandale.

Aussi bien, que les ministres prennent garde. Pour avoir écarté la lumière qu’on lui offrait, M. Cavaignac est tombé d’une chute lourde ; s’ils prennent au sérieux, faute d’avoir entendu un témoin avisé et pénétrant qui leur offre la vérité, le dossier ultra secret, aussi faux, aussi misérable que les pièces fabriquées par Henry, ils tomberont d’une chute plus lamentable encore. Car ils seront