qui avons remué contre lui de déplorables souvenirs de famille. Nous ne sommes pas de ceux qui menacent de l’éclabousser par de honteuses histoires. C’est seulement dans la vie publique des hommes que nous cherchons contre eux les moyens de combat.
Mais si la France, par respect pour elle-même, oublie certaines aventures de l’entourage présidentiel, elle a le droit d’exiger que le président les oublie lui-même.
Elle a le droit d’exiger qu’il s’affranchisse de toute crainte comme elle l’a affranchi elle-même de toute solidarité.
Elle est prête, si des maîtres chanteurs veulent exhumer contre lui quelques cadavres, à enfouir dans la même fosse et ces tristes histoires et ceux qui les remuent.
Mais elle veut qu’il ne soit pas lié par la peur à des choses passées dont elle-même l’a libéré par son choix.
Quelque jugement que les partis portent sur lui, elle a voulu mettre à l’Élysée un homme libre, qui pût suivre aux heures de crise les grands mouvements de la conscience nationale.
Elle n’a pas prétendu se donner pour chef un prisonnier, captif de je ne sais quel passé fâcheux, et dont les réactions de sacristie tiendraient sournoisement la chaîne.
Avec lui, s’il le veut, mais sans lui et au besoin contre lui, la France, qui veut se débarrasser devant le monde des faussaires et des criminels qui la déshonorent, fera la révision du procès Dreyfus. Qu’il prenne garde, encore une fois, de se solidariser avec Henry et du Paty.
La pleine clarté est d’autant plus nécessaire que le crime d’Henry n’est pas un crime personnel, isolé. Il engage la responsabilité du haut commandement, car c’est seulement par la complicité des grands chefs qu’il a été possible.