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V

Mais comment M. Cavaignac n’est-il pas frappé de l’inconsistance des textes qu’il a cités ? Dans cette conversation même où l’on cherche un aveu, Dreyfus, selon le capitaine Lebrun-Renaud, a une fois encore affirmé son innocence. Comment eût-il pu affirmer son innocence si, une minute avant, il avait avoué avoir communiqué des documents à l’étranger ? De plus, comment peut-il dire : «  Le ministre sait que c’est pour des opérations d’amorçage que j’ai livré des pièces », puisque lui-même, quatre jours avant, a écrit au ministre qu’il n’avait jamais commis la moindre imprudence.

D’après le général Gonse, le capitaine Lebrun-Renaud lui-même, résumant son impression, déclare que Dreyfus lui a fait « des demi-aveux ».

Quoi ! des demi-aveux ? Et Si le capitaine Lebrun-Renaud lui-même n’ose pas dire qu’il a reçu un aveu complet, catégorique, comment M. Cavaignac ne craint-il pas de se tromper et de tromper le pays en s’appuyant sur un écrit aussi inconsistant et que nul au monde ne peut contrôler ?



L’EXPLICATION VRAIE

I

Mais M. Cavaignac se trompe. Il se trompe grossièrement dans l’interprétation qu’il donne du récit du capitaine. Ce texte unique et incertain, qui est sa seule base de conviction, ou qui, du moins, en est la base la plus forte, il ne l’a pas lu avec soin ; il n’a pas cherché à le comprendre.