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II

SUPPLÉANCE DE LA VUE PAR LES AUTRES SENS


D’après une opinion très répandue, la perte d’un sens aurait pour effet d’augmenter l’acuité des autres : rien n’est plus faux. Il est contraire à la théorie des sensations et contraire à l’expérience d’espérer, par exemple, qu’un aveugle, à force d’exercice, finira par entendre une montre de plus loin qu’il ne l’entendait au moment où il a perdu la vue.

Ce n’est pas à dire que l’aveugle n’apprenne pas à tirer un parti utile, — et même très utile, — de certaines sensations qui échappent au voyant. Il apprend, — et il faut qu’il apprenne, — à porter son attention sur beaucoup de faits qui, pour le voyant, sont d’importance secondaire ou même négligeable. Par exemple, quand je voyais, il pouvait parfaitement m’échapper de remarquer si un visiteur était ganté. Actuellement, je ne manque