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OCCUPATIONS DOMESTIQUES

reproduire ici tout ce que m’a écrit, à ce sujet, M. Bonnet, de Toucy (Yonne), qui après avoir eu la vue très mauvaise, devint définitivement aveugle à l’âge de trente-deux ans. Peu de nos compagnons pousseront l’adresse aussi loin que mon correspondant, qui ne craint pas, par exemple, d’allumer et d’entretenir le feu, et qui assume la plus grande partie des soins de propreté de la maison. Il a été jusqu’à inventer un cirage facile à manier pour lui et dont il envoie la formule à qui la lui demande. Son plus grand plaisir et de s’occuper des soins matériels qu’exigent les petits enfants, de se faire leur compagnon quand ils grandissent, et de les prendre comme guides, pour faire des commissions qui seraient au-dessus de leur âge.

Quoi qu’il en soit, rien n’empêche l’aveugle de fendre et de scier le bois de chauffage, de préparer le feu dans les cheminées, de chercher le vin à la cave, de déboucher les bouteilles de mettre et d’ôter le couvert, de laver et ranger la vaisselle, d’éplucher les légumes, de faire les lits, de balayer les chambres, de nettoyer les carreaux. Tout cela ne demande qu’un peu d’exercice et quelques tours de main particuliers.

Par exemple, pour faire un lit, l’aveugle, après avoir mis deux chaises bord à bord l’une en face de l’autre, pour y déposer la literie, a soin, avant d’enlever chaque drap, d’y faire un nœud pour être sûr, lorsqu’il les remettra, de ne pas placer à la tête la partie qui était aux pieds. Pour balayer, il