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Page:Javal - Entre Aveugles, 1903.pdf/50

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ENTRE AVEUGLES

empêche la plupart des personnes de s’en servir : quand je m’aide d’une rampe de cette espèce, j’ai soin de n’y poser que le bout des ongles.

Les aveugles n’aiment pas à porter des gants et ils ont raison : il m’est arrivé en voyage de rencontrer deux frères dont l’un est aveugle, et à la première rencontre, je n’hésitais pas à reconnaître l’aveugle par cette circonstance que sa main n’était pas gantée.

Les vêtements des aveugles sont plus particulièrement exposés à être salis, soit à la maison, par exemple en mangeant, soit au dehors par le contact des murs ou des passants, soit par les éclaboussures résultant de l’impossibilité d’éviter les flaques d’eau ou la boue. Par les temps humides, les aveugles qui sortent seuls se salissent encore plus que ceux qui sont accompagnés, car ils contractent, pour éviter les chocs à la montée ou à la descente des trottoirs, l’habitude de lever beaucoup le pied, dont la retombée produit aisément des éclaboussures.

C’est à l’entourage l’aveugle qu’il appartient de veiller à la propreté de ses vêtements, et il importe au bon renom de son entourage que la répulsion causée par une mise négligée ne s’ajoute pas aux autres causes d’isolement dont il est victime.

Quoique ayant appliqué l’antisepsie dès son début, je trouve exagérée la mode qui, sous prétexte d’hygiène, tend à supprimer toutes les tentures