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PROPRETÉ, HYGIÈNE, SANTÉ

des appartements : il en résulte dans les locaux habités, une sonorité ennemie d’une bonne acoustique. Ne voyant rien, c’est bien le moins d’entendre le mieux possible, et sous ce rapport je préfère à tout autre, le séjour dans une salle dont les murs sont couverts de tapisseries.

Plus que les livres en noir, les livres en Braille peuvent être un véhicule de contagion : ils peuvent avoir été lus au lit, ou même sous la couverture du lit, par des aveugles atteints de maladies contagieuses, qui n’ont pas cessé de les toucher pendant la lecture, et c’est encore par le toucher que nous les lisons. Les institutions qui prêtent des livres aux aveugles devraient se préoccuper de ce danger, et ce n’est pas une petite affaire.

Pour en finir avec les livres prêtés, je recommanderai de ne pas mouiller avec la langue les doigts dont on se sert pour lire, et c’est une privation, car lorsqu’une page est poussiéreuse, ou simplement quand la sensibilité du doigt commence à s’émousser, on peut rendre au tact un peu plus de finesse en frottant le doigt sur une étoffe un peu raide après l’avoir humecté.

D’une manière générale, il me semble que l’on doit apporter des soins extrêmes à l’hygiène de l’aveugle parce que, dans son état, la maladie est particulièrement pénible à supporter, mais il ne faut pas pousser à l’extrême l’obéissance aux prescriptions draconiennes de beaucoup d’hygiénistes, à qui il n’en coûte rien de priver leurs clients des