Aller au contenu

Page:Javal - Entre Aveugles, 1903.pdf/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

HABITATION


Il m’est arrivé, au cours de ma carrière médicale, d’engager un client menacé de cécité à faire l’acquisition d’une maison d’habitation, pour ne pas être exposé à un déménagement forcé. C’est qu’en effet, pour l’aveugle, le déménagement est presque un désastre. En ce qui me concerne, — et je crois n’être pas le seul aveugle dans ce cas —, tout déplacement, même minime, des objets ambiants, m’est parfaitement désagréable. Il me plaît de pouvoir, sans hésitation, mettre la main sur mes livres, sur les objets familiers ; j’aime à savoir où sont les choses au milieu desquelles j’ai vécu, et ce me serait un effort pénible de chercher à me les représenter ailleurs que là où je les ai longtemps vues.

Dans la vie de tous les jours on respecte rigoureusement, chez moi, l’adage de Franklin : « Une