Scène V
Germaine, entrant et à la cantonade. — Ne prévenez pas Monsieur, ne le prévenez pas !… (À Sonia.) C’est très amusant. Vous pouvez entrer, Mademoiselle, ils sont tous à table.
Sonia. — Si Monsieur l’ambassadeur apprend notre équipée, il sera furieux.
Germaine. — Mademoiselle, papa n’est jamais furieux. Il est de la carrière. Ce qui peut arriver de pis, c’est qu’il soit infiniment mécontent. Vous savez que c’est la première fois que je vais chez un garçon.
Sonia. — Je l’espère bien.
Germaine. — Quoi ! C’est idiot ! Pourquoi une fiancée n’aurait-elle pas le droit d’aller chez son fiancé et de fouiller partout… C’est bien arrangé, n’est-ce pas ?… Georges a de l’ordre.
Sonia. — Il a de l’ordre. Mais si vous continuez…
Germaine. — Je voudrais voir qui Georges a invité à déjeuner. Ah ! par exemple, s’il a invité une femme… Je suis sûre que la salle à manger est là. Je vais entrouvrir la porte sans qu’on m’entende.
Sonia. — Pas comme ça.
Germaine. — Comment ?
Sonia. — Vous allez faire crier le bois… soulevez le loquet avant d’ouvrir.
Germaine. — C’est vrai… Ah ! je vois… Oh !
Sonia. — Quoi ?
Germaine. — Un chapeau de femme… Le misérable ! Ah ! non, c’est une corbeille de fleurs.
Sonia. — Vous m’amusez beaucoup…
Germaine. — Je vois Brizailles… je vois Faloise… ah ! voilà Georges…