comme ils écoutent… Qui est-ce qu’ils écoutent comme ça… Oh !
Sonia. — Quoi encore ?
Germaine. — En mille ! Je vous le donne en mille ! Devinez qui est là ?
Sonia. — Qui ?
Germaine. — Un flirt à vous.
Sonia. — Quelle idée !
Germaine. — Votre flirt de Calcutta… le monsieur qu’à la fois vous admirez et qui vous agace.
Sonia. — M. d’Andrésy !
Germaine. — Regardez !
Sonia. — C’est vrai !
Germaine. — Ah ! vous avez rougi.
Sonia. — Encore cette plaisanterie.
Germaine. — Vous avez rougi, Mademoiselle, et vous rougissez de nouveau.
Sonia. — Prenez garde… ils vont vous entendre.
Germaine. — Oui.
Sonia. — Soulevez le loquet.
Germaine. — Oui… (Elle referme la porte.) Ça vous a donné un coup, hein ?
Sonia. — Quoi ?
Germaine. — De revoir M. d’Andrésy. Avouez que c’est votre type.
Sonia. — Mademoiselle, vous avez des façons de parler…
Germaine. — Vous étiez très amusants tous les deux, à Bombay… Moi, je crois qu’il a le béguin pour vous…
Sonia. — M. d’Andrésy a mieux à faire que de s’occuper d’une pauvre fille comme moi…
Germaine. — C’est que vous êtes jolie.
Sonia. — Mais non.
Germaine. — Si… très jolie. Et avec ça, ombrageuse, farouche. Diane ! le surnom que vous a trouvé d’Andrésy est très exact… Diane !…
Sonia. — Allons… voyons.
Germaine. — Non ?… Vous n’êtes pas farouche, peut-être ?
Sonia. — J’ai horreur des galanteries et des propos fades, voilà tout.
Germaine. — Tiens ! c’est fermé à clé, ça.
Sonia. — Qu’est-ce que vous faites ?
Germaine. — C’est fermé à clé… je voudrais bien voir ce qu’il y a dedans. Il doit y avoir des lettres compromettantes…
Sonia. — Ce serait une raison pour ne pas regarder.
Germaine. — Georges m’a parlé d’un petit meuble en marqueterie, où il enferme tous ses secrets. Donnez-moi un truc pour ouvrir la serrure.
Sonia. — Comment, voulez-vous…
Germaine. — Venez là. Vous connaissez un tas de trucs. Vous êtes si adroite de vos mains.
Sonia. — Je ne veux pas être témoin de ce que vous allez faire ; je trouve que votre attitude…
Germaine. — Mademoiselle, la barbe… Allons bon !…
Sonia. — C’est bien fait. Et on vous aura entendue.
Germaine. — Mais le tiroir est ouvert. (La porte s’ouvre.) Oh !
Georges, entrant. — Vous !…
Excusez-moi, je suis à vous. Une seconde. (À Germaine.) Vous ici !
Et… ça par exemple !
Sonia. — Oui, Monsieur Georges, voilà ce qu’elle faisait.
Georges. — Germaine, vous n’êtes pas honteuse ?
Germaine. — Non.
Georges. — Vous n’avez rien pris, au moins ?
Germaine. — Si.
Georges. — Comment si ! (Il regarde.) Germaine, rendez-moi mes lettres.
Germaine. — Jamais de la vie, par exemple ! De qui sont-elles ?
Georges. — De personne… d’un ami… Rendez-les-moi.
Germaine. — Si c’est d’un ami je peux regarder.
Georges. — Non.
Germaine. — Alors, c’est d’une femme.
Georges. — Germaine, vous êtes insupportable.
Germaine. — M’aimez-vous, oui ou non ?
Sonia. — Mademoiselle Germaine…
Germaine. — Oh ! Sonia ! ne vous mêlez pas à des querelles de ménage.