Page:Jean-François Champollion - Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques.djvu/16

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valeur phonétique des quinze signes hiéroglyphiques tirés des trois cartouches qui viennent d’être analyses.

On trouve sculpté au plafond de la grande porte triomphale de Karnac à Thèbes (Desc. de l’Égypte, Ant. vol. 3, pl. 50), le cartouche phonétique d’un PTOLÉMÉE, suivi des titres toujours vivants, chéri de Phtha, en caractères idéographiques. Il est accompagné d’un cartouche qui est nécessairement un nom de femme, puisqu’il est terminé par les signes idéographiques du genre féminin, comme le nom hiéroglyphique de la reine Cléopâtre déjà a retrouvé. Dans ce nouveau nom de reine Lagide, nous reconnaissons facilement, au moyen des caractères hiéroglyphico-phonétiques déjà fixés, le nom de Bérénice orthographié ΒΡΝΗΚΣ presque comme dans le papyrus démotique du cabinet du roi ; et ce nom propre[1] nous donne un nouveau signe phonétique, celui du Β, représenté par une espèce de patère[2], et de plus de

  1. Voyez ma planche I, nos 32 et 33.
  2. C’est sans doute par la forme de ce même signe, qui a quelque analogie avec la représentation d’une corbeille, que M. le docteur Young a été conduit à reconnaître le nom de Bérénice dans le cartouche qui le contient en effet. Mais ce savant anglais pensa que les hiéroglyphes qui forment les noms propres, pouvaient exprimer des syllabes entières, qu’ils étaient ainsi une sorte de rébus, et que le signe initial du nom de Bérénice, par exemple, représentait la syllabe Ⲃⲓⲣ qui veut dire corbeille en langue égyptienne. Ce point de départ faussa en très grande partie l’analyse phonétique qu’il a tentée sur les noms de Ptolémée et de Bérénice, où il a cependant reconnu la valeur phonétique de quatre signes : ce sont le Π, une des formes du Τ, une des formes du Μ, et celle de l’Ι ; mais l’ensemble de son alphabet syllabique établi sur ces deux noms seulement, fut tout-à-fait inapplicable aux nombreux noms propres phonétiques inscrits sur les monuments de l’Égypte. Toutefois M. le docteur Young a fait en Angleterre, sur les monuments écrits de l’ancienne Égypte, des travaux analogues à ceux qui m’ont occupé pendant tant d’années ; et ses recherches sur le texte intermédiaire et le texte hiéroglyphique de l’inscription de Rosette, comme sur les manuscrits que j’ai fait reconnaître pour hiératique, présentent une série de résultats très-importants. Voyez Encyclopædia britanica, supplément, vol. IV, par. I. Edimburgh, december 1819.