Page:Jean-François Champollion - Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques.djvu/43

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exista en Égypte à une époque fort reculée ; qu’elle était d’abord une partie nécessaire de l’écriture idéographique ; et qu’on l’employait aussi alors, comme on le fit après Cambyse, à transcrire (grossièrement il est vrai) dans les textes idéographiques, les noms propres des peuples, des pays, des villes, des souverains, et des individus étrangers dont il importait de rappeler le souvenir dans les textes historiques ou dans les inscriptions monumentales.

J’oserai dire plus : il serait possible de retrouver dans cette ancienne écriture phonétique égyptienne, quelque imparfaite qu’elle soit en elle-même, sinon l’origine, du moins le modèle sur lequel peuvent avoir été calqués les alphabets des peuples de l’Asie occidentale, et surtout ceux des nations voisines de l’Égypte. Si vous remarquez en effet, monsieur, 1o que chaque lettre des alphabets que nous appelons hébreu, chaldaïque et syriaque porte un nom significatif, noms fort anciens, puisqu’ils furent presque tous transmis par les Phéniciens aux Grecs lorsque ceux-ci en reçurent l’alphabet ; 2o Que la première consonne ou voyelle de ces noms est aussi, dans ces alphabets, la voyelle ou la consonne que la lecture représente, vous reconnaîtrez avec moi, dans la création de ces alphabets, une analogie parfaite avec la création de l’alphabet phonétique égyptien : et si des alphabets de ce genre sont formés primitivement, comme tout le prouve, de signes représentant des idées ou objets, il est évident que nous devons reconnaître le peuple inventeur de cette méthode graphique, dans