Page:Jean-François Champollion - Lettre à M. Dacier relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques.djvu/44

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celui qui se servit spécialement d’une écriture idéographique, c’est dire enfin, que l’Europe, qui reçut de la vieille Égypte les éléments des sciences et des arts, lui devrait encore l’inappréciable bienfait de l’écriture alphabétique.

Du reste je n’ai voulu qu’indiquer ici sommairement cet aperçu fécond en grandes conséquences, et il ressortait naturellement de mon sujet principal, l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques, dont je me suis proposé d’exposer à la fois la théorie et quelques applications. Celles-ci offrent des résultats déjà favorablement appréciés par l’illustre Académie dont les doctes travaux ont donné à l’Europe les premiers principes de la solide érudition, et ne cessent de lui en offrir les plus utiles exemples. Mes essais ajouteront peut-être quelque chose à la série des faits certains dont elle a enrichi l’histoire des vieux peuples ; celle des Égyptiens, qui remplissent encore le monde de leur juste renommée, y puisera quelques lumières nouvelles ; et c’est beaucoup sans doute, aujourd’hui, que de pouvoir faire, avec assurance, un premier pas dans l’étude de leurs monuments écrits, d’y recueillir, quelques données précises sur leurs principales institutions auxquelles l’antiquité elle-même a fait une réputation de sagesse que rien du moins n’a encore démentie. Quant aux prodigieux monuments que l’Égypte érige, nous pouvons enfin lire dans les cartouches qui les décorent, leur chronologie certaine depuis Cambyse, et les époques de leur fondation ou de leurs accroissements successifs sous les dynasties