Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/27

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blancs. Amanda et William, à peine arrivés à la fleur de l’adolescence, étaient élevés au milieu de la famille du planteur. Aux dons naturels du caractère, ils joignaient des talents acquis qui les rendaient précieux dans la ferme : un jour ils auraient fait d’excellents intendants. Ils vivaient heureux, dévoués à leurs maîtres qu’ils considéraient comme leurs parents, pratiquant envers leurs compagnons les principes de la charité chrétienne. Un sentiment plus tendre les attachait l’un à l’autre, et le temps devait venir où serait célébrée leur union.

Mais les affaires de Von Lenz, qui était joueur, se trouvaient un peu dérangées. Cédant à l’impulsion du moment, le planteur avait fait annoncer, dans les journaux du canton, de jeunes esclaves à louer. « C’étaient, disait le texte, des jeunes filles de quinze à vingt ans, parfaitement au courant de la cuisine et du ménage, bien élevées, parlant plusieurs langues, et d’une apparence engageante[1].» Cette location d’esclaves est devenue l’une des mines d’or des planteurs, et l’on devine aisément que les femmes les plus jeunes et les plus blanches sont les plus recherchées. Les scandales de la salle de vente et de ses exhibitions sont effacés par ceux de la location au mois, à la semaine, à la nuit.

Le jour de ma visite chez Von Lenz, un boucher des environs, le nommé B…, de Smithville, était arrivé de bon matin, dans une calèche légère, attelée de deux chevaux fringants ; sans prendre le temps de dételer, il avait sollicité sur-le-champ une entrevue. C’était un de

  1. Prepossessing appearance.