Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/61

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tion des officiers dans l’exécution de leurs devoirs. Toutes ces personnes seront notées comme suspectes, et désignées comme ennemies du Sud.» On voit à quelles mesures ce gouvernement a recours pour se maintenir ; ces menaces sont formulées avec un aplomb et une impudeur qui n’ont jamais été égalés. Même le ministère sacré du conseil est déclaré prima facie mission suspecte. Vous prendrez les armes pour nous, disent les planteurs ; vous quitterez vos familles et vos occupations ; vous marcherez à l’appel sans tergiversation, sans tiédeur — ou bien nous allons vous traiter en ennemis. Que deviennent la liberté individuelle, le droit, la sécurité des personnes, l’existence intellectuelle elle-même, au milieu d’un pareil état de société ?

Dès le 1er septembre, craignant d’être envoyé de force à l’armée, j’avais réclamé la protection de notre consul à New Orléans. La loi de milice (militia) porte que « tout habitant libre, en état de prendre les armes, est appelé au service dès qu’il a un mois de séjour dans l’État et dix jours de résidence dans le canton[1].» Comme je l’ai dit, il n’existe aucune distinction d’âge, d’état civil, ni de nationalité. Les seules exemptions légales sont énumérées dans l’ordre suivant : « les instituteurs, les bateliers des passages d’eau, les courriers de la malle, les greffiers et les juges, les ministres.» Cette levée en masse doit former dans le Texas trente-deux régiments, auxquels les règles de la discipline militaire sont applicables. L’insubordination, la résistance ou le simple dé-

  1. « All able-bodied free male inhabitants, after one month’s residence in the State, and ten days in the county, are liable to do military duty.»