Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/89

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homme américain monté sur une mule. C’était le courrier de la poste, qui seul, dans le désert, sans changer de monture, sans renouveler ses provisions, fait une fois par mois le chemin de Corpus-Christi à Laredo. Nous l’interrogeâmes avidement; nous lui demandâmes les nouvelles politiques. Assis avec nous autour d’un feu flambant, partageant notre souper frugal, il nous mit au courant des derniers événements. Il nous annonça que dans tous les cantons réfractaires à la levée en masse, le gouvernement exigeait des citoyens qu’ils livrassent leurs armes. Mais il nous dit aussi la chute définitive de Caravajal. Après avoir brûlé une moitié de la ville de Matamoros, après être parvenu jusqu’à la place de Hidalgo, où est l’église, cet aventurier — qui a déjà causé tant de malheurs dans son pays — avait été repoussé par des troupes fraîches descendues de Monterey (24 février 1862). Les vaincus étaient en fuite, et la tranquillité comme la liberté paraissaient renaître pour la cité maltraitée de Matamoros et l’État de Tamaulipas. Je ferai connaître plus tard cet épisode de la lutte impie, entreprise pour « l’extension et la perpétuité de l’esclavage.»

Le 6 mars , nous entrâmes dans les landes (arenal) qui bordent la côte au midi de la baie d’Aransas. Leur aspect rappelle à certains égards celui de la Campine. Pendant six ou sept jours de marche, le voyageur parcourt une plaine sableuse, coupée de marais salants, et qui ne porte pour végétation que des joncs et des herbes dures. Un vent violent, qui vient de la mer durant le jour et de la terre durant la nuit, soulève une poussière pénétrante. Çà et là se dressent des