Page:Jean Charles Houzeau - La terreur blanche au Texas et mon évasion, 1862.djvu/90

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chaînes de dunes que couronnent des pieds isolés de yuccas.

Le matin, à l’instant du lever du soleil, la plaine offre souvent des effets particuliers de mirage. Les objets à l’horizon présentent deux images, droites toutes deux : la silhouette des dunes, en se dédoublant, couronne la première crête d’une seconde. Mais en peu de minutes l’image supérieure s’efface. Elle disparaît par pièces, laissant au-dessus de l’image inférieure des blocs détachés, qui se transportent à droite ou à gauche. On dirait tantôt des créneaux qui couronnent les vieilles forteresses, et tantôt des chaînes de tirailleurs, se mouvant soit isolément, soit par groupes, sur le sommet des collines voisines.

Les eaux sont saumâtres ; le fond desséché de certains marais est recouvert d’une couche de sel, blanche comme la neige. Ailleurs, le sol encore à demi humecté, mais saupoudré d’une couche de poussière, engloutit l’imprudent qui se hasarde sur cette « terre tremblante.» Les chasseurs de chevaux mustangs connaissent ces endroits. Ils poursuivent les animaux sauvages dans ces directions, les forcent à traverser le bourbier, et tandis que le cheval se débat dans la vase, où il enfonce jusqu’au ventre, le chasseur survient et s’en empare.

Nous ne tardâmes pas à faire la rencontre d’une troupe de Mexicains, qui se livraient à la chasse des vaches et des taureaux sauvages. L’un d’eux, d’une habileté extrême, manquait rarement son but. Son laso était une corde à trois bouts, composée de trois lanières de cuir. L’une des extrémités portait un nœud coulant.