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Page:Jean Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 10, 1866.djvu/169

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les punissait pas, il les laissait faire, il les laissait libres pour un temps : « C’est pourquoi j’ai prié trois fois le Seigneur (8)». Ce qui veut dire, bien souvent.
3. Il y a une grande humilité à ne pas dissimuler son abattement devant les persécutions, ses fatigues, le besoin de prier pour se voir affranchi dé ses épreuves. Exemple que Paul nous donne : « Et il m’a répondu : Ma grâce vous suffit, car ma puissance éclate dans la faiblesse (9) ». Ce qui veut dire : Il vous suffit de ressusciter les morts, de guérir les aveugles, de purifier les lépreux, des autres miracles que vous opérez ; ne cherchez pas à fuir les dangers, les craintes, les embarras des affaires en publiant l’Évangile. Mais vous souffrez, vous éprouvez de l’abattement ? N’allez pas regarder comme une preuve de mon impuissance le grand nombre de ceux qui veulent vous nuire, qui vous meurtrissent, qui vous persécutent, qui vous frappent de verges : cela même est une marque de ma puissance : « Car ma puissance », dit Dieu, « éclate, dans la faiblesse » ; on vous verra vous, les persécutés, triomphant de vos persécuteurs ; vous chassés, victorieux de ceux qui vous chassent, vous enchaînés, convertissant ceux qui vous enchaînent. Ne demandez donc pas le superflu. Voyez-vous comme l’explication que donne l’apôtre diffère de celle qui est donnée par Dieu ? L’apôtre dit : « De peur que la grandeur de mes révélations ne m’inspirât de la hauteur, j’ai ressenti, dans ma chair, un aiguillon » ; quant à Dieu, il lui fait dire, que c’est pour manifester sa puissance, qu’il permet tout. Donc, ce n’est pas seulement le superflu que vous demandez, mais ce qui jetterait une ombre sur la gloire de ma puissance. Car le, « Il vous suffit », a pour but de montrer que l’apôtre n’a besoin de rien davantage, que tout' s’accomplit sans que rien ne manque. D’où ressort encore la preuve que Paul ne parle pas d’une douleur de tête. Assurément ils n’étaient pas malades, ceux qui prêchaient l’Évangile (comment auraient-ils pu prêcher s’ils n’avaient eu la force du corps) ce qui est vrai ; c’est que ce furent des bannis, des persécutés, qui triomphèrent de tous leurs ennemis.
Donc, dit-il, après avoir entendu de telles paroles, « je prendrai plaisir à me glorifier de mes faiblesses ». Il veut prévenir le découragement des fidèles ; ces faux apôtres fondaient leur gloire sur des titres tout opposés ; les vrais apôtres étaient en proie aux persécutions ; Paul tient à montrer que ces persécutions mêmes rehaussent sa gloire, ne servent qu’à rendre plus éclatante la puissance de Dieu, et qu’il fait bien de se glorifier de ce qui arrive. Voilà pourquoi il dit : « Je prendrai donc plaisir à me glorifier ». Ce n’est pas avec chagrin que j’ai fait l’énumération que vous avez entendue, ni que je vous ai dit : « J’ai ressenti un aiguillon », mais avec fierté, mais avec un sentiment de ma force qui grandit. Aussi ajoute-t-il : « Afin que la puissance de Jésus-Christ habite en moi ». Il y a ici une pensée nouvelle, qui n’est qu’indiquée à mots couverts, c’est que, plus les épreuves devenaient rigoureuses, plus la grâce acquérait d’intensité et de persistance : « Et ainsi je me complais dans toutes mes faiblesses (10) ». Quelles faiblesses, dites-moi ? « Dans les outrages, dans les persécutions, dans les nécessités, dans les angoisses ». Voyez-vous comme ici l’explication est des plus claires ? Dans ces diverses espèces de faiblesses, il ne parle ni de fièvres, ni d’autre mal périodique de ce genre, ni de toute autre maladie du corps, mais d’outrages, de persécutions, d’angoisses. Comprenez-vous ce qu’il montre de sagesse ? Il désirait d’être affranchi de ses tribulations ; mais du moment que Dieu lui a dit que cette délivrance ne doit pas avoir lieu, non seulement il ne se décourage pas en n’obtenant pas l’effet de sa prière, mais il se réjouit. De là, cette parole : « Je me complais », c’est-à-dire, je me réjouis d’être, je désire d’être outragé, persécuté, dans les angoisses, pour Jésus-Christ. Et ex tenant ce langage, il rabaissait les orgueilleux, et il relevait les courages, il empêchait les fidèles de rougir à la pensée de ses souffrances. Ces choses suffisent pour nous rendre les plus illustres de tous les hommes. Il ajoute ensuite une autre explication encore de sa joie : « Car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis puissant ». Qu’avez-vous à vous étonner que la puissance de Dieu se révèle alors ? C’est alors que je suis puissant, moi aussi ; c’est alors surtout que la grâce vient en moi.
A mesure que ses souffrances abondent, pour nous abonde la consolation. Où est l’affliction, là se rencontre la consolation ; où est la consolation, là est la grâce. C’est quand il était en prison, qu’il faisait ces œuvres admirables ;